Le président des Etats-Unis a parlé, sans rien apporter de concret propre à redynamiser le processus de paix. Le président américain, dans son discours, de lundi à la Maison-Blanche, a enfin abordé ce fameux plan, annoncé et attendu depuis quelques semaines déjà, dans lequel il devait présenter un plan de paix devant esquisser une sortie de crise. Or, il apparaît maintenant que les seules idées de George W.Bush ont été celles de mettre en forme de nécessité les demandes, pressantes, d'Ariel Sharon - reçu six fois depuis un an par le président américain -, de mise à terme de ce que les Israéliens appellent trop facilement «terrorisme». De ce point de vue, pas de surprise, les Américains faisant leurs les desiderata et les lectures que font les Israéliens de la résistance palestinienne. Donc, Bush a parlé et discouru pour affirmer que «la paix exige une direction nouvelle et différente, afin que puisse naître un Etat palestinien». Dit autrement, le président américain met ce marché aux mains des Palestiniens: arrêter la résistance et accepter le compromis israélien en contrepartie d'un «Etat provisoire». Le décor est ainsi planté, il n'y aura pas d'Etat palestinien, en dehors du cadre que le président américain vient ainsi d'énoncer, et ce, conformément aux voeux de la partie israélienne. Ce que résume prosaïquement le ministre israélien de la Défense Binyamin Ben Eliezer qui déclare: «Ce discours est une étape historique qui offre un horizon sécuritaire, politique et économique permettant de mettre un terme au conflit israélo-palestinien». Autant dire que George W.Bush n'avait fait qu'entériner et endosser une demande israélienne sans prendre autrement de précaution et en compte, d'aucune manière, le point de vue palestinien en refusant de recevoir le président Arafat auquel il n'accordera aucune audience, depuis son arrivée au pouvoir. Faut-il, dès lors, estimer que le sort de Yasser Arafat était déjà consommé et que Bush n'attendait que le moment propice pour en faire l'annonce à la communauté internationale? Certes, cela s'est fait dans les strictes normes diplomatiques. M.Bush ne demande pas le départ de Yasser Arafat, mais lorsqu'il évoque la nécessité «d'une nouvelle direction» tout était dit, faisant comprendre qu'il n'y aura pas d'autres solutions, et l'observateur peut, à raison tirer la conclusion que le cas du président palestinien est ainsi scellé. Bien sûr, il est de bon ton de dire que seuls les peuples choisissent leurs dirigeants. Mais dans le cas de la Palestine il faut croire que non! En n'apportant aucun élément nouveau susceptible de déclencher une nouvelle dynamique dans un contentieux ou le peuple palestinien est toujours victime d'un déni de droit, le plan Bush apparaît fort comme un non-événement. Les Israéliens ne veulent pas d'un Etat palestinien à leur côté, aussi le président Bush évoque-t-il un Etat palestinien «provisoire», en somme une Palestine à l'essai. Ce qui permettra aux Israéliens d'asseoir leur mainmise sur les territoires palestiniens qu'ils occupent. De fait, le plan de Bush, à sens unique, fait la part belle aux Israéliens, et semble être conforme à celui voulu, ou imposé, par le chef du gouvernement israélien Sharon. Le chef de l'Exécutif américain n'a, semble-t-il, fait qu'« exécuter » ce qui a été conçu et élaboré à Tel-Aviv. Mais cela fait 55 ans maintenant qu'Israël tente d'imposer aux Palestiniens sa manière de voir la cohabitation des deux Etats, Israël et la Palestine. Cependant, la paix et la sécurité pour tous n'ont de chance de s'établir au Proche-Orient qu'avec l'érection d'un Etat palestinien indépendant disposant de tous les attributs de la souveraineté. Ce dont ne semble pas tenir compte le président américain.