Le film d'animation va-t-il «se professionnaliser» en Algérie? Le débat est lancé. Si ce genre de format plaît certes aux Algériens dont certains réalisateurs en font parfois de vrais bijoux, ce genre de cinéma reste encore au stade embryonnaire chez nous. Invité par Isser Arts Prod et Avi Production, le célèbre réalisateur français de films d'animation René Borg s'est déclaré mardi à Alger «prêt» à encadrer une école de formation aux techniques du cinéma d'animation, (3D) et du dessin animé, notamment, pour le postgradué spécialisé, sitôt que la partie algérienne aura décidé de son ouverture. Ce fut en effet le thème de la conférence de presse qu'il a animée mardi après-midi à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. M.Borg, 75 ans, s'est exprimé devant un parterre d'élèves dessinateurs, de professeurs des Beaux-Arts et autres professionnels intéressés par l'investissement dans le film d'animation. Le réalisateur français s'est dit aussi «convaincu» de l'existence de potentialités algériennes pour «jeter les bases d'une industrie du film d'animation». M.Borg a estimé que «L'Ecole des beaux-arts recèle un gisement de savoir et de talents qui attendent d'être exploités». Son offre d'aider à la création d'une école dédiée aux métiers du film d'animation et du dessin animé, il l'avait proposée, lui-même, il y a environ quatre ans, sans connaître de suite, a regretté M.Borg, avant de préciser qu'il avait pourtant présenté un projet «ficelé». Pourtant, on croit savoir que ce projet de formation date depuis plus longtemps. En effet, selon l'information prise sur le CV de M.Borg, ce dernier avait eu l'idée en 1984 de former des animateurs formateurs en Europe et sur le pourtour de la «Mare Nostrum» afin d'en avoir, au bout de quelques années, un nombre suffisant pour les productions européennes, et maintenir un travail qui fuit vers l'Extrême Orient. Une dizaine de chaînes des pays concernés, consultés à Cannes, était enthousiasmée par le projet et attendait que la France démarre celui-ci. Mais les autorités françaises ne suivent pas. A la demande de Jack Lang, alors ministre de la Culture, il écrit un rapport sur le dessin animé en France et propose son programme pour former quelques milliers d'animateurs dans le Bassin méditerranéen et la «petite Europe». Plus de nouvelles. Exit Jacques Lang. Arrive François Léotard à la culture, mais le projet ne l'intéresse pas. Il est bon par ailleurs de noter que M.René Borg a à son actif, de nombreux films d'animation des plus connus à l'instar des séries Il était une fois l'homme, Il était une fois...l'espace et Il était une fois..la vie. Il est coauteur, réalisateur et créateur aussi des personnages de la série Ulysse 31 et bien d'autres. Il est plusieurs fois membre du jury de nombreux festivals d'animation dont celui d'Antibes et de la bande dessinée d'Angoulême. Il est nommée en 1992, jusqu'à aujourd'hui, examinateur au Conservatoire libre du cinéma français (Clcf) avec feu Marcel Caré, Jean Delannoy, Albicoco, Bunuel, feu Philippe de Brocca etc. Il est aussi réalisateur de plusieurs publicités en France. Il est plusieurs fois sollicité à l'île de la Réunion pour ses services et notamment en Australie. De 2000 à 2005, René Borg vient pour la troisième fois en Algérie pour rencontrer les autorités concernées et les convaincre de créer des cours de formation de dessins animés afin que l'Algérie soit sur le marché mondial de cet art (qui s'industrialise), très demandé par les télévisons du monde entier. En vain apparemment...Aujourd'hui, il enseigne le dessin animé à l'école Eurasiam (enseignement droit commercial international et japonais, d'arts plastiques, de dessin animé, de mangas) à Paris. Plus prudent, cependant, le directeur de l'Ecole des beaux-arts, M.Kaceb, n'a fixé aucun délai pour l'ouverture de l'école du film d'animation, se contentant de répéter qu'il «faut mener l'idée à maturité». Selon lui, cette branche «exige l'acquisition de moyens technologiques coûteux», alors que l'institution qu'il dirige doit s'occuper d'autres segments pour se redéployer et asseoir sa notoriété. Contrairement à cette ancienne institution éducative et culturelle, l'école préparant aux métiers du cinéma d'animation devrait s'ouvrir aux autodidactes et non plus aux seuls candidats sur titre, afin de donner au génie toutes les chances d'émerger, ont-ils encore recommandé. Bref, seul le pouvoir politique pourra en décider. M.René Borg sera-t-il entendu?