La majorité des membres optent pour la transformation de l'organisation en parti politique. La Coordination nationale des enfants de chouhada (Cnec) que dirige Khaled Bounedjma a décidé, à l'unanimité de ses 220 membres présents, vendredi dernier, lors d'un conseil national organisé à Zéralda, de transformer leur organisation en parti politique avant la fin de l'année en cours. Le secrétaire général de cette organisation qui a soutenu Bouteflika durant ses mandats présidentiels consécutifs a reçu également l'aval de son conseil national pour intenter une action en justice afin de récupérer leur siége aujourd'hui occupé par le FNA de Moussa Touati, lui aussi membre fondateur de cette organisation qu'il a quittée à l'orée des années 2000 pour créer son propre parti. La décision de se mouvoir en parti politique s'explique en grande partie, selon lui, par «la situation politique nouvelle qui va naître à la suite de nouveaux amendements restrictifs que compte introduire, dès la session prochaine de l'APN, le ministère de l'Intérieur dans la loi sur les partis» et la «fin d'une époque» pour son organisation qui est arrivée, selon lui, à «satisfaire la totalité de ses objectifs» dont celui le plus culminant la loi du chahid aujourd'hui «appliquée à 80%», précise-t-il. «La mission de notre organisation a pris fin dès la promulgation de la loi sur le chahid», a-t-il expliqué à l'issue d'un point de presse sanctionnant les débats de son conseil national. Selon le SG de la Cnec, la décision de se transformer en parti politique est motivée par le «parcours quasi irréprochable de ses 3 millions d'adhérents et la force qui se dégage de cette organisation, force qui n'existe nulle part ailleurs». Le conférencier a aussi mis en exergue le fait que la «majorité des partis politiques ont failli à leur mission», à leur tête les trois partis de l'Alliance présidentielle qui n'a «plus d'avenir» car manquant, selon Bounedjma, d'une «vraie base populaire». Le responsable de cette organisation atypique, qui se réclame à la fois de la famille révolutionnaire et du combat pour l'ancrage réel de la démocratie, justifie cette conversion par le fait qu'il existe aujourd'hui «un vide politique» inquiétant tant pour le pays que pour le Président Bouteflika: «Nous serons de ceux qui diront la vérité au chef de l'Etat et nous lui ferons en parallèle des propositions concrètes pour cette jeunesse du pays qui ne croit plus aux promesses des partis politiques» soutient-il encore. Cette large frange de la société «venue en masse», selon ses dires, aux meetings organisés par la Cnec en faveur du Président Bouteflika attend impatiemment «le renvoi d'ascenseur». «Or, avec la reconduction du même cabinet gouvernemental, ajoute-t-il, je pense qu'il y a un profond décalage entre les promesses électorales et les réalités quotidiennes que vit chaque jour le citoyen et le jeune en particulier qui a cru au changement profond», «qui, des trois partis de l'Alliance présidentielle, a le courage de descendre dans l'arène et d'expliquer aux citoyens les raisons qui ont poussé le chef de l'Etat à maintenir la même équipe. Je défie quiconque d'aller maintenant sur le terrain et d'expliquer surtout aux jeunes le pourquoi de la chose». La question est vite lancée. Que lui inspire-t-elle justement la reconduction du cabinet Ouyahia? «Rien! Le chef de l'Etat a peut-être ses raisons. Nous le comprenons. En dehors de la reconduction de Ouyahia que nous tenons à féliciter, nous nous abstenons de faire le moindre commentaire à ce sujet.» Cette organisation a inscrit dans son agenda une action d'éclat le 14 juillet prochain avec à la clé une marche nationale en direction de l'ambassade de France à Alger pour demander à la France qu'elle présente ses excuses officielles au peuple algérien pour les crimes qu'elle a commis durant la longue période coloniale: «A défaut d'une autorisation administrative nous comptons organiser quand même un sit-in devant l'ambassade de France», avance-t-il prudemment tout en souhaitant que la visite officielle que doit effectuer le Président Bouteflika en France, au mois de juin prochain, puisse «se conclure par des excuses officielles».