A 40 ans, Karim Wade est devenu vendredi «le premier fils d'un président de la République à faire partie d'un gouvernement au Sénégal» titrait la presse sénégalaise hier. Le président sénégalais Abdoulaye Wade, 82 ans, qui se défend de promouvoir son fils Karim pour lui succéder, a relancé les spéculations et controverses en lui confiant un ministère de premier plan, incluant la coopération et les infrastructures. A 40 ans, Karim Wade est devenu vendredi «le premier fils d'un président de la République à faire partie d'un gouvernement au Sénégal», souligne le quotidien progouvernemental Le Soleil, qui n'a cependant pas été jusqu'à mettre l'information à la Une, préférant le faire apparaître comme un ministre parmi 31 autres. Mais le journal privé L'As ironise en titre: «Le Gabon a son Ali Bongo (fils du président et ministre de la Défense), le Sénégal son Karim Wade.» Et Sud-Quotidien assure qu'Abdoulaye Wade a taillé à son fils le plus grand ministère «jamais constitué depuis l'indépendance» en 1960. Entrant dans l'équipe formée par le nouveau Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Karim Wade devient d'emblée «ministre d'Etat, ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures». Un poste stratégique puisqu'il sera chargé de mettre en oeuvre les grands chantiers et de solliciter l'aide de partenaires étrangers. Métis de mère française, Karim Wade a fait ses études à Paris. Analyste financier de profession, il est réputé très libéral et plus particulièrement proche des investisseurs du Moyen-Orient. Le chef de l'Etat, élu en 2000, l'avait dès 2001 placé à son côté comme conseiller. Il lui avait ensuite confié la présidence du conseil de surveillance de l'Anoci, agence nationale chargée de préparer l'organisation de la conférence islamique qui a eu lieu l'an dernier à Dakar. Certes, la polémique a enflé sur les retards et les dépassements de budget des travaux engagés, et l'opposition a maintes fois réclamé un audit de cette agence brassant beaucoup d'argent. Mais, aujourd'hui, Le Soleil peut affirmer dans une minibiographie de Karim Wade qu'il «a à son actif la construction d'importantes infrastructures routières et aéroportuaires». Durant la campagne pour les municipales à Dakar, en mars, il était présenté, à l'image de son père, comme «un bâtisseur». Mais le débat sur une éventuelle «succession monarchique père-fils» en 2012 bouillonnait déjà, le malaise social était profond, et l'opposition a finalement remporté une victoire sans appel. Battu dans son propre bureau électoral, Karim Wade est devenu un simple conseiller municipal d'opposition. «Le président voulait conquérir le pouvoir pour son fils à partir de Dakar. Maintenant, il le fait à partir du gouvernement», a jugé samedi le porte-parole de l'Alliance pour la République (APR), parti d'opposition de l'ex-Premier ministre Macky Sall. «Alors que les Sénégalais voulaient un gouvernement qui prenne en charge les souffrances sociales, le président forme un gouvernement de reconquête du pouvoir», a encore accusé Seydou Guèye. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) au pouvoir appelle lui à «raison garder» et «juger Karim Wade sur ses résultats». Le nouveau ministre devra, notamment se pencher urgemment sur l'avenir d'Air Sénégal International, compagnie en pleine tourmente. «Karim Wade enfin comptable de sa gestion», a titré Le Quotidien, estimant que «voir à l'oeuvre un homme si contesté, si mystérieux, mais qui s'est incrusté au coeur de l'Etat depuis une dizaine d'années, permettra peut-être d'en mesurer les vraies capacités».