L'Autorité palestinienne exige la reprise des négociations de paix sur les questions fondamentales «à partir du point qu'elles avaient atteintes» L'Autorité palestinienne a jugé hier «ambiguës» les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur le processus de paix devant le lobby pro-israélien à Washington. «Les déclarations du Premier ministre israélien devant l'Aipac (American Israel Public Affairs Comittee) sont ambiguës et insuffisantes», a affirmé Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas. «Un attachement sincère à la paix doit se traduire par l'acceptation d'une solution à deux Etats et l'arrêt de la colonisation», a ajouté M.Abou Roudeina. «Tout règlement non conforme aux résolutions internationales est inacceptable», a-t-il souligné. Le négociateur palestinien Saëb Erakat a pour sa part affirmé que l'Autorité palestinienne exigeait la reprise des négociations de paix sur les questions fondamentales «à partir du point qu'elles avaient atteintes» sous le gouvernement de l'ancien Premier ministre Ehud Olmert, auquel M.Netanyahu a succédé le 1er avril. «Netanyahu ne fait que jouer sur les mots devant l'administration américaine. C'est de Washington que nous exigeons une réponse car le gouvernement israélien ne va pas répondre clairement», a-t-il ajouté. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Ghaza a pour sa part accusé M.Netanyahu «de chercher à duper l'opinion publique mondiale et dissimuler les crimes commis par l'occupation à Ghaza» lors de l'offensive israélienne de décembre/ janvier et qui a fait plus de 1400 morts palestiniens. Il a mis en garde l'Autorité palestinienne contre une reprise des négociations qui seraient «un coup de poignard asséné au peuple palestinien». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé lundi à une «nouvelle» approche en vue de parvenir à la paix avec les Palestiniens, incluant une reprise immédiate des pourparlers sans conditions. M.Netanyahu, qui s'exprimait, en duplex depuis Jérusalem, devant l'Aipac, un puissant groupe de pression pro-israélien aux Etats-Unis, n'a pas fait mention de l'objectif d'une solution à deux Etats (israélien et palestinien), prônée par la nouvelle administration du président américain Barack Obama. «Je pense qu'il est possible de parvenir (à la paix), mais je pense que cela nécessite une nouvelle approche», a-t-il déclaré lors de la conférence annuelle de l'Aipac. «Cette nouvelle approche que je propose suit une triple voie vers la paix entre Israël et les Palestiniens: une voie politique, une voie sécuritaire et une voie économique», a-t-il expliqué. Approche qui exclue d'emblée la création d'un Etat palestinien. «La voie politique, c'est que nous sommes prêts à reprendre les négociations de paix sans délai et sans préconditions, le plus tôt sera le mieux», sans préciser quels objectifs et quelle solution politique sont assignés à la reprise de telles «négociations». «La voie économique signifie que nous sommes prêts à travailler ensemble pour lever autant d'obstacles que possibles pour le développement de (...) l'économie palestinienne», a indiqué Benjamin Netanyahu qui fait ainsi l'impasse sur le devenir des territoires palestiniens. Le Premier ministre israélien assure par ailleurs, «Nous voulons travailler avec l'Autorité palestinienne sur cette voie, non comme un succédané aux discussions, mais comme un moteur». «Je veux voir les jeunes palestiniens savoir qu'ils ont un avenir (...)» mais un avenir dont l'Etat palestinien restera un objectif lointain et indéterminé, selon le Premier ministre israélien qui ajoute «Je veux qu'ils aient des emplois». «Avec cette approche réaliste», (qui n'inclut pas d'Etat palestinien) et «l'aide» de MM.Obama et Abbas, «nous pouvons braver les sceptiques, nous pouvons surprendre le monde», a ainsi estimé Netanyahu, feignant de croire possible une paix sans que ne soit établi un Etat palestinien aux côtés de l'Etat hébreu.