Les hommes de Pep Guardiola ont vraiment réalisé 15 jours de rêve en attendant le rendez-vous du 27 mai à Rome. Incapable de déployer son habituel jeu flamboyant en 180 minutes contre Chelsea en Ligue des champions, le Barça a montré mercredi qu'il pouvait se muer en tueur de sang-froid pour atteindre son objectif avec un réalisme effrayant: un tir cadré, un but. Le mérite du Barça, outre le brin de réussite et les oublis de l'arbitre, a été de ne jamais baisser les bras, même à 10 contre 11. Mercredi, les joueurs du Barça, plutôt habitués à balader leurs adversaires (comme le Real Madrid samedi, emporté 6-2), avaient mis le bleu de chauffe. «Nous avons essayé de jouer, de nous procurer des occasions, même si on n'en a pas eu beaucoup. C'est difficile de jouer contre une équipe comme Chelsea», a reconnu l'entraîneur Josep Guardiola, qui sautait comme un petit garçon sur le bord de la touche après le but libérateur d'Iniesta. «N'oubliez pas qu'on a joué 25 minutes en infériorité numérique» (après l'exclusion d'Eric Abidal), a-t-il poursuivi, cherchant toujours à défendre ses joueurs et son style de jeu, basé sur la possession de balle et très porté vers l'attaque. Mais il faut bien reconnaître que le Barça, en dehors d'une inspiration géniale d'Iniesta - héros de tout un pays jeudi et cible de plusieurs déclarations d'amour - le séduisant Barça n'a pas défilé à Stamford Bridge. S'il s'était créé de nombreuses occasions à l'aller au Camp Nou, pour un résultat identique (un match nul, 0-0), le FC Barcelone a, cette fois, très peu inquiété le gardien Petr Cech, excellent en Catalogne. Mais il a néanmoins réussi à obtenir ce dont il avait besoin pour se qualifier pour la finale à Rome, un match nul avec des buts. Alors que les «Blues» criaient au vol et à l'injustice, autant pour la domination de Chelsea en nombre d'occasions que pour les décisions arbitrales, du côté du Barça, on parlait au contraire de «justice». «C'est un moment de chance mais aussi de justice. Il faut féliciter les joueurs qui ont joué à dix contre onze», a assuré le président «blaugrana» Joan Laporta. «Valdes a effectué des arrêts sensationnels et Iniesta a un talent extraordinaire. La finale de Rome (contre Manchester) c'est la finale rêvée. C'est bon pour le football». Mais le Barça pourra-t-il battre Manchester United, le tenant du titre, si comme contre Chelsea il bafouille son football? D'autant qu'il aura les ailes coupées à l'arrière, avec les suspensions d'Abidal (à gauche) et Alves (à droite). Une bonne nouvelle toutefois: le défenseur et capitaine Carles Puyol, suspendu, fera son retour. Et une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, Thierry Henry, actuellement décisif mais absent mercredi (blessé au genou), sera sûrement lui aussi de la partie. Contre un club qu'il connaît bien et qu'il aura très envie de battre, en tant qu'ancien joueur d'Arsenal, balayé dans l'autre demi-finale.