Les commerçants attendent toujours la régulation de ce secteur d'activité, comme promis par le ministère de tutelle. Les professionnels du secteur du commerce, grossistes et détaillants, continuent à se plaindre des conditions difficiles de l'exercice de cette activité. Et c'est au tour de l'Office national des statistiques (ONS) de s'intéresser à cette catégorie à travers un sondage effectué lors du quatrième trimestre de 2008 auprès de 533 entreprises commerciales. Ce sont 255 entreprises publiques et 278 privées qui sont concernées. Les résultas auxquels est parvenue cette enquête font apparaître une divergence d'appréciation entre les grossistes et les détaillants. A l'issue du sondage, les grossistes se sont montrés satisfaits de leur activité car elle a évolué en comparaison avec la même période de l'année 2007. La hausse a touché aussi bien les commerces de la droguerie, des appareils électroménagers que de la parfumerie. La stabilisation a été constatée dans le commerce de l'agroalimentaire alors que la chute a frappé celui des demi-produits et des machines et matériels pour équipement. Néanmoins, l'opinion qui se dégage auprès des détaillants est différente et ils se déclarent non-satisfaits de l'évolution de leurs affaires. Sur un autre chapitre, les professionnels partagent le même constat en ce qui concerne la hausse des prix d'acquisition. Elle a touché tous les produits hormis les matières première et les semi-produits. C'est ce qui explique par exemple la stabilisation du commerce dans l'agroalimentaire, la population n'ayant pas pu faire face à cette augmentation des prix. Les commerçants nourrissaient l'espoir que l'année 2009 leur soit plus favorable mais l'indice des prix à la consommation a augmenté, ce qui devait avoir comme conséquence de freiner la consommation. L'autre constat concernant l'agroalimentaire est que l'approvisionnement est effectué pour une large part auprès du privé. 86% des détaillants et 76% des grossistes sont dans ce cas. Ceci facilite d'autant plus la multiplication des intermédiaires, ce qui influe à son tour sur les prix et sur la désorganisation des circuits. Les demandes des commerçants ne sont satisfaites qu'à hauteur de 50% pour ce type de produits, rendant leur accessibilité pour les clients de plus en plus hasardeuse. La seule satisfaction des professionnels est que les produits sont de bonne qualité dans leur majorité. Seuls les secteurs du textile et de l'habillement présentent des standards de qualité non-satisfaisants. A certains égards, l'enquête a été transformée par la catégorie ciblée en un véritable plaidoyer. Les commerçants ne se sont pas privés pour étaler les difficultés auxquelles ils font face. Ils estiment que les délais d'approvisionnement sont longs et ajoutent que les sources d'approvisionnement sont éloignées. Il ne faut donc pas s'étonner que les marchés parallèles fleurissent un peu partout dans les villes du pays. Pour 1,2 million de commerçants disposant d'un registre du commerce, il y a à peu près autant qui pratiquent le commerce informel. Ces contraintes ont eu des effets négatifs sur la trésorerie des entreprises. Si les grossistes arrivent à contracter des prêts bancaires, la démarche se révèle plus difficile pour les détaillants. Tous les professionnels ont misé leur espoir sur l'essor de l'activité lors du début de la nouvelle année même s'ils ne comptent pas tirer un prix plus élevé de leurs marchandises vendues. Pour vérifier si cette attente est confirmée, l'ONS a déjà entamé une nouvelle enquête dont les résultats ne seront pas disponibles immédiatement. D'ores et déjà, on sait que l'indice des prix à la consommation n'est pas d'un grand secours pour les commerçants. Dans 17 villes, il a été constaté qu'il a augmenté de 0,9% en mars dernier. A Alger, la hausse est encore plus accentuée car il a atteint le taux de 1,9%. Les craintes des gestionnaires des entreprises concernées par le sondage vont jusqu'à inclure certains autres dysfonctionnements du marché. L'indisponibilité des produits et les formalités d'acquisition trop lentes sont aussi parmi les griefs recensés par l'ONS. Ces contraintes ont conduit à des ruptures de stock pour 9% des grossistes et 18% des détaillants. Ces défaillances se limitent aux combustibles, aux lubrifiants et aux produits divers. Les commerçants manquent également de moyens de transport, ce qui rend leur activité dépendante des fournisseurs ou des prestataires de service. La promesse du ministère du Commerce d'ouvrir de nouveaux marchés de gros et de nouvelles structures pour le commerce de proximité est actuellement la seule prémisse de régulation de cette activité. Dans l'intervalle, il y a de fortes chances pour que les ménages subissent les contre-coups de l'anarchie.