Il faut dire que le FIS dissous a annihilé, avec ses péripéties, toute la confiance placée en lui. La mouvance islamiste pleure son lustre d'antan. Et pour cause, ses anciennes figures de proue ne font plus l'actualité. Et quand l'une de celles qui restent fait la une, elle s'en démarque éperdument. C'est le cas notamment du secrétaire général du mouvement El Islah, Djahid Younsi, qui s'est démarqué publiquement de ce courant lors de la précédente élection présidentielle. L'éclipse de l'islamisme «radical» est donc consommée. Celui-ci n'est plus assumé par ses ex-meneurs. Il faut toutefois dire que ce qui restait de crédibilité à cette mouvance qui a marqué son existence sur l'échiquier polotique pratiquement depuis les années 1970, a été emporté par l'attitude du Front islamique du salut (FIS) dissous. Les pratiques de ce parti ont étouffé la substance même de ce courant. Qu'il s'agisse d'El Islah, d'En Nahda ou du nouveau-né le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), l'équation reste la même. La mouvance islamiste perd à chaque échéance un peu de sa place et de sa...verve. L'islamisme modéré n'arrivant pas à convaincre les esprits des citoyens. La culture politique faisant défaut, ces partis affrontent le terrain épineux de l'élargissement de ses concepts. Preuve en est, l'un des partis de cette mouvance, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), en l'occurrence, a jeté sa casquette d'islamiste opposant. Il a rallié depuis des années le gouvernement et s'est allié avec les partis qui le représentent et est devenu ainsi ce qu'on appelle «l'islamisme officiel». L'initiative de M.Abdallah Djaballah de rassembler les fils d'En Nahda reste lettre morte en attendant preneur. Mais, un rapprochement des partis islamistes non officiels est-il possible dans le contexte actuel? M.Djaballah y croit. Joint hier au téléphone, ce dernier a indiqué qu'il y a des partis qui pensent que ce rapprochement est possible. Sans les nommer, notre interlocuteur a précisé qu'il fait partie des personnalités et partis qui plaident avec conviction pour l'union entre les partis de cette mouvance. Toutefois, il a souligné que le projet est toujours de mise, a-t-il ajouté, cela demande du temps. Même état d'esprit chez le secrétaire général du mouvement El Islah, Djahid Younsi. «Le rapprochement entre les partis de la même famille est possible», a-t-il répondu dans une communication téléphonique. Pour M.Younsi, il ne faut pas réduire ce courant à une seule personne car, a-t-il dit, il y a 1000 personnalités qui le représentent. La première étape de rapprochement est d'établir des passerelles de dialogue entre les partis concernés. Il s'agit ensuite de s'asseoir autour de la même table pour un débat responsable afin d'échanger les points de vue concernant l'actualité et les ambitions politiques de chacun. Ce dialogue devra être, selon notre interlocuteur, sanctionné par une plate- forme de rapprochement. Nos tentatives de joindre Abdelmadjid Menasra, fondateur du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) sont restées vaines. Ce dernier plaide pour l'instauration d'un Etat islamique conformément à l'article 2 de la Constitution qui stipule que l'Islam est la religion d'Etat. Et si le système politique algérien passait à un système bicéphale? Pour M.Djahid Younsi, celui qui avance cette hypothèse n'a pas de culture politique et n'assimile pas la pratique démocratique. A souligner que ce système est de mise dans le pays le plus démocratique au monde, les USA en l'occurrence.