De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali C'est une véritable saignée que le MSP vient de subir à Oran : vingt-deux cadres (deux actuels députés, quatre de mandats précédents et seize élus locaux) ont, en effet, déposé leur démission, hier, et rejoint les rangs du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), parti nouvellement constitué par les opposants d'Aboudjerra Soltani, avec, à leur tête, Abdelmadjid Menasra. Selon les estimations de Mekhlouf Benyamina, le vice-président du bureau de wilaya du MPC, cette démission collective porte le taux des «élus locaux et nationaux démissionnaires à 70%» et plusieurs élus de cinq communes d'Oran ont quitté le MSP pour aller grossir les rangs du nouveau parti islamiste. Ces départs collectifs, enregistrés dans plusieurs wilayas du pays, sont motivés par «la grave déviation que connaît le MSP depuis la tenue du dernier congrès», explique le même vice-président du MPC qui assure que c'est la politique menée par Aboudjerra Soltani qui a conduit à l'éclatement du parti de feu Mahfoud Nahnah. Ces ralliements collectifs au nouveau parti de Menasra s'expliquent également, selon les nouveaux militants du nouveau parti, par «la politique de compromission de Soltani au détriment des principes fondateurs du MSP, tels que laissés par Mahfoud Nahnah et Mohamed Bouslimani». Ce que Abdelmadjid Menasra avait lui-même soutenu, à différentes reprises, avant et après les élections présidentielles d'avril dernier, augurant de la future scission du parti islamiste. A l'occasion de la naissance du MPC, Abdelmadjid Menasra avait affirmé, hier, que son nouveau parti allait militer pour la création «d'un État islamique conforme à la constitution algérienne qui énonce que l'Islam est la religion de l'état» et, avant même que son parti soit agréé par le ministère de l'Intérieur, averti que «celui qui veut créer un État laïque est hors constitution et nous veillerons à l'application de la disposition de la constitution qui stipule que la religion de l'état est l'Islam». L'ex-numéro 2 du MSP avait également affirmé que, déjà, 10 wilayas étaient structurées en ajoutant que des 40 élus MSP de Batna, 35 élus à Alger, 11 à Relizane et 25 à Boumerdès avaient rallié les rangs du nouveau partis. Avec ces démissions en cascade - qui affaiblissent sérieusement la seule formation politique de la mouvance islamiste qui avait encore quelque ancrage au sein de la société - et l'absence sur la scène politique d'autres partis islamistes de poids, il évident Menasra a une bonne carte à jouer. A condition, toutefois, que le MPC reçoive son agrément.