Menasra considère que Soltani a dévié de la ligne tracée par Nahnah, mais se prononce pour un Etat islamiste, révélant du coup une radicalisation de son mouvement qui semble adopter la démarche du parti dissous. M. Abdelmadjid Menasra a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse tenue à Boumerdès, que son nouveau parti militera pour la création d'un Etat islamique conforme à la constitution algérienne. Répondant à une question posée par un confrère, lui demandant si son mouvement vise la mise en place d'un Etat islamique l'ex-n°2 du MSP a répondu : “Oui à un état islamique, mais conforme à la constitution algérienne qui énonce que l'Islam est la religion de l'état”, a-t-il précisé, ajoutant que, “de toute manière, celui qui veut créer un Etat laïque est hors constitution et nous veillerons à l'application de la disposition de la constitution qui stipule que la religion de l'état est l'Islam”. M. Menasra tentera de rectifier le tir en répondant à une autre question sur les risques qu'encourt son parti s'il n'est pas agréé à cause de son fondement religieux et de sa “connotation islamiste”, M. Menasra indiquera que “le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) n'est pas une formation religieuse, ni une association à caractère religieux, mais nous sommes un parti avec une orientation islamique conforme à la constitution”, dira-t-il. Il affirmera qu'il est confiant quant à l'acceptation de son parti par le ministère de l'intérieur. “Nous veillerons à ce que tout le dossier de notre formation soit conforme à la réglementation, et nous ne doutons pas de l'avis qui sera donné par les autorités”, a-t-il encore ajouté. Il ajoutera que son vrai agrément demeure “le travail sur le terrain de son mouvement et sa capacité de mobilisation”. M. Menasra a, par ailleurs, mis fin hier à tout espoir de réconciliation entre ses partisans et le président du MSP, Abou Djerra Soltani. Menasra a, en effet, annoncé qu'il déposera bientôt un dossier d'agrément de son nouveau parti, le MPC, auprès du ministère de l'intérieur. “Pour le moment, nous sommes en train de consacrer nos efforts pour la structuration et l'encadrement des anciens militants”, indiquera-t-il avant d'ajouter que “les portes seront ouvertes bientôt pour les nouvelles adhésions”. Revenant sur les conditions de la création de son parti, il soulignera que la création du MPC est intervenue après de longues réflexions, et cette décision n'est ni précipitée ni fortuite. “Nous voulons préserver et sauver l'héritage du mouvement de Cheikh Nahnah et continuer à suivre sa voie.” M. Menasra ajoute que lui et ses partisans ne sont pas des dissidents. “Les dissidents, ce sont ceux qui ont dévié de la voie tracée par Cheikh Nahnah et ceux qui ont trahi ses engagements”, lancera-t-il, avant de préciser que ceux qui l'ont suivi se sont désistés d'une structure qui est devenue vide de sens. Il saisira l'occasion pour lancer un appel aux militants du MSP qui partagent les idées de son mouvement à le rejoindre. “Nous ne sommes pas un mouvement dissident et nous ne sommes pas un mouvement de 3%”, lancera-t-il, en réponse aux dernières déclarations de Soltani qu'il n'a pas cité. Il affirmera que plus de 10 wilayas sont déjà structurées et d'autres sont en cours. “Des élus du MSP ont rejoint notre mouvement à l'exemple de Batna où plus de 40 élus du MSP ont rallié notre mouvement, 35 élus à Alger, 11 à Relizane, 25 à Boumerdès et d'autres se préparent à nous rejoindre”, poursuit-il. Commentant la polémique sur la dissolution de l'APN provoquée par le PT, Menasra affirme que ce n'est guère une priorité et qu'il existe d'autres préoccupations plus importantes pour la population. “Cela prouve qu'il y a un vide politique et que certains partis traversent des difficultés”, a-t-il conclu. M. T.