La perspective d'une enquête un jour pour crimes de guerre visant à la fois le Sri Lanka et la rébellion tamoule semble se dessiner après avoir été évoquée par le secrétaire général de l'ONU, suivant des appels du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme et de Londres. Le Sri Lanka a proclamé lundi sa victoire totale sur les Tigres tamouls et la fin d'un conflit séparatiste qui a fait 70.000 morts en 37 ans, dont, estime l'ONU, 6500 civils entre fin janvier et mi-avril. Au cours de ces mois d'offensive brutale de l'armée et de résistance acharnée de la guérilla dans le nord-est, des organisations humanitaires internationales ont accusé les militaires de bombarder des populations civiles et les insurgés de les utiliser comme «boucliers humains». Les belligérants ont nié. Interrogé mardi à Genève à propos d'allégations de «crimes de guerre» visant les deux camps, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a répondu qu'elles devaient «faire l'objet d'une enquête appropriée». M.Ban, «profondément troublé par la perte de vies parmi les civils», se rendra demain au Sri Lanka. Le Conseil des droits de l'Homme, un organe intergouvernemental de l'ONU, tiendra lundi une session extraordinaire sur ce pays. «Le Conseil ne peut rester silencieux quand des civils innocents sont pris en otage d'un conflit armé», a déclaré mardi son président, le Nigérian Martin Ihoeghian Uhomoibhi. «La communauté internationale doit s'efforcer d'apporter la justice aux victimes de violations des droits de l'Homme où qu'elles se produisent, et s'assurer que ceux qui se sont rendus coupables de tels crimes rendent compte de leurs agissements», a-t-il souligné. C'est le Haut Commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Mme Navi Pillay, qui la première prévenait en mars que «certaines actions des militaires sri lankais et des Tigres pourraient être considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité». «Rien de ce que nous avons observé jusqu'ici n'est de nature à nous faire changer d'avis, bien au contraire», a insisté vendredi son porte-parole Rupert Colville, ajoutant qu'une «enquête» indépendante était «essentielle». «Les responsables de ce qui se passe au Sri Lanka doivent répondre de leurs actes (...) Il ne peut pas y avoir d'impunité», a-t-il conclu. La semaine dernière, la Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale, a également assuré de son «soutien à une enquête rapide (...) pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis», suivant en cela les demandes des organisations Amnesty International et Human Rights Watch. Le Premier ministre Gordon Brown a même averti Colombo de «conséquences pour ses actions». Mais le Sri Lanka assure que son armée a sorti depuis le 20 avril près de 200.000 civils de l'ancienne zone de guerre lors de «la plus grande opération au monde de sauvetage d'otages». Excédé par les remontrances des pays occidentaux, le président Mahinda Rajapakse leur avait dit «d'aller voir ce qu'ils font en Irak et en Afghanistan».