Avec la rapidité de l'évolution de notre train de vie, la surcharge pondérale devient un enjeu pour la santé. L'obésité, touchant aussi bien les femmes que les hommes, n'est pas uniquement un problème d'esthétique. Plus que cela, elle est la cause de nombreuses maladies. En Algérie, où elle touche plus d'une femme sur deux, soit plus de 50% de la gent féminine, elle tend «à devenir une véritable épidémie», selon le docteur G. Rachid, médecin urgentiste. Il a affirmé qu'elle touche 22% de la population algérienne et représente ainsi un problème majeur pour la santé publique. Beaucoup de pathologies, dont certaines sont très graves, voire mortelles, sont liées directement à l'obésité. Les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'hypertension artérielle, le cholestérol, les problèmes rhumatologiques, les difficultés respiratoires et les anomalies hormonales sont autant de maladies observées comme les premières affections qu'engendre l'excès de surpoids. En effet, l'hypertension artérielle est trois fois plus fréquente chez les sujets atteints d'obésité. Le diabète, quant à lui, est doublement constaté chez cette catégorie de personne alors que les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les coronaropathies y sont nettement plus constatés. Ajoutons à cela les risques plus importants en cas d'intervention chirurgicale. Cela s'explique. Les Algériens, dépourvus de toute éducation ou formation sanitaire en matière de nutrition, ignorent que ce fléau des temps modernes est une véritable maladie. Ce qui implique automatiquement une négligence à la traiter et par là même à détecter les complications et les maladies qui en découlent. Considéré jadis comme une référence d'opulence, de richesse, de prestige et de bonne santé, l'embonpoint est fortement remis en cause par les spécialistes de la nutrition durant ces dernières années. Et pour cause, selon le professeur Z. Kemali, endocrinologue à l'hôpital central de l'armée de Aïn Naâdja, le constat a de quoi donner froid au dos. D'après lui, toutes les études réalisées jusqu'à présent montrent et démontrent que «l'espérance de vie des obèses est réduite et que la morbi-mortalité augmente parallèlement à l'excès pondérale». Les spécialistes en nutrition, quant à eux, incriminent deux facteurs non moins importants l'un que l'autre. De ce fait, les profils alimentaires et l'activité physique sont les premiers désignés du doigt. Allant des fâcheuses habitudes de grignotage aux régimes sévères qui - au contraire de ce qui est attendu - ne changent rien au problème et provoquent d'autres complications, en passant par une activité physique adéquate quasi inexistante, le taux des obèses n'est que plus croissant. Un phénomène social consistant en une évolution anarchique du monde du travail contribue, sans coups férir, à faire de nous des masses adipeuses. En effet, la prolifération des pizzerias, des fast-foods et des restaurants à bon marché engendre de mauvaises habitudes néfastes à la longue pour la santé. Djamel est un jeune de 21 ans, étudiant à la faculté centrale d'Alger. Rencontré dans un fast-food archicomble de la rue Didouche, il a expliqué: «Je pèse 117 kg. Non seulement je me sens laid à cause de ma forme mais en plus je ne trouve jamais de vêtements appropriés. Les miens, je les commande chez le tailleur.» L'interrogeant sur les risques qu'impliquent de mauvaises habitudes alimentaires, Djamel a avoué: «Je prends tous mes repas dehors, et ce depuis le lycée. Côté santé, je suis tranquille car je ne souffre d'aucune pathologie.» Ignorance, insouciance ou mépris du danger, ce jeune étudiant ne semble pas mesurer la gravité de son comportement. Le cas de Djamel n'est pas unique. Des milliers d'autres s'y apparentent. Il y a un peu plus d'une dizaine d'années, les gens travailleurs, étudiants ou écoliers, prenaient le temps de rentrer chez eux pour manger. Les plats n'étaient que meilleurs car ils étaient préparés à base de produits-naturels. Il faut dire par ailleurs, que l'obésité, longtemps ignorée dans notre pays, peut représenter dans les années à venir un véritable problème de santé publique. Aussi, des mesures préventives doivent être envisagées. Pour ce faire, une meilleure information de la population sur les effets néfastes de l'obésité sur la santé et de l'efficacité d'une alimentation moins riche en calories, associée à une activité physique régulière sont les points à privilégier le plus.