Une brochette impressionnante de témoins donnera du poids aux thèses en confrontation. Nezzar, pour l'association, de droit français, Vérité et Justice et le Collectif des familles des disparus en Algérie, «est tout simplement l'un des principaux responsables de la ‘‘Sale guerre'' qui ensanglante l'Algérie depuis 1992». Cette déclaration relevée dans un communiqué de l'association a sanctionné la visite en France de l'ancien ministre algérien de la Défense. Cela se passait en avril 2001. Khaled Nezzar devait présenter son livre. Demain, «l'artisan» de l'arrêt du processus électoral en 1992 sera confronté, trois jours durant, à Habib Souaïdia, ancien parachutiste des forces spéciales de l'armée algérienne et à ses témoins. Le général à la retraite a été la seul responsable algérien à soutenir, devant les médias et la justice d'outre-mer, les propos d'un auteur dont les vertus littéraires ont été, à un certain moment, mises en doute. Sa condamnation par le tribunal d'Alger, pour «participation à une entreprise d'affaiblissement du moral des troupes de l'ANP et à la sûreté de l'Etat» semble être plus une réaction défensive qu'une volonté d'aller à l'avant de l'affaire. Les crimes retenus par le tribunal contre Souaïdia justifiaient pourtant une action en justice et une demande d'extradition. Habib Souaïdia «a la possibilité légale, soulignait l'agence étatique de presse (APS), dans son compte-rendu, de s'opposer au jugement et bénéficier d'un autre procès, une fois de retour au pays.» Les choses se passent autrement pour Nezzar qui a décidé de porter et de défendre l'honneur de l'Armée en France. «Nous n'avons pas engagé cette procédure pour rien. Nous entendons faire une large mise en perspective de tout ce qui s'est passé en Algérie ces dernières années», optimise, pour sa part, l'un des avocats de Nezzar, Me Jean-René Farthouat. Le retour de l'ancien membre du HCE en France est marqué par un antécédent spectaculaire. Dans la nuit du 25 au 26 avril 2001, alors qu'il faisait la promotion de son livre, il est sorti précipitamment de France. Pour cause: dans la matinée du 25, les maîtres Wiliam Bourdon et Antoine Comte introduisent devant le procureur de la République de Paris une plainte pour «torture et traitements cruels, inhumains et dégradants» contre le général. Les services français de police n'ont pu procéder à l'audition du général. Le parquet de Paris classera la plainte, en juin 2001, compte tenu du fait que le général Nezzar n'était pas, ou plus, sur le territoire français. A la désapprobation née de cette opération d'évacuation, le Quai d'Orsay a fait valoir que le général Nezzar se trouvait en «mission officielle» en France. Le général n'occupe plus une fonction officielle depuis 1994, date à laquelle le HCE a été dissous et le poste de ministre de la Défense a changé de main. Aujourd'hui, la machine médiatique française tente, tant bien que mal, de recréer les mêmes conditions de pression autour de cette affaire. La semaine dernière, un autre livre mettant en cause le général dans des «crimes de torture» est paru en France. Son auteur, Lyes Laribi, est derrière la plainte qui a été déposée contre le général en avril 2001 et qui l'avait obligé à raser les murs. A l'audience de demain, le général Nezzar n'attaquera pas directement le livre de Souaïdia, La sale guerre, paru aux éditions La Découverte et vendu à 65.000 exemplaires, mais les propos qu'il a tenus lors d'une émission diffusée par la chaîne de télévision française, La Cinquième. Marc Tessier, président de France télévisions est cité à comparaître à cet effet aux côtés de Souaïdia. Une brochette impressionnante de témoins, donnera, d'un côté comme de l'autre, du poids aux thèses en confrontation. Pas moins de quatre anciens ministres ont été appelés à la rescousse de Nezzar. Ce dernier devra, toutefois, se passer de la participation de Khalida Messaoudi citée avant son ascension dans les arcanes ministériels. Souaïdia aura été, de son côté, l'artisan d'une littérature subversive qui ne manquera pas de faire le bonheur des relais médiatiques.