Il s'agit de «la mise en place d'un processus contradictoire et individualisé pour l'établissement de la vérité sur les disparitions forcées en Algérie». L'Association SOS Disparus s'est interrogée hier sur les tenants et les aboutissants de la décision de la présidence de la République de mettre sur pied un mécanisme ad hoc de règlement du dossier des disparus et pose ses préalables à toute participation à cette démarche. SOS disparus «prend acte avec satisfaction» de ce qui constitue à ses yeux «une reconnaissance implicite de l'incapacité de l'Ondh et de la Cncppdh de répondre sérieusement aux revendications de vérité et de justice exprimées depuis des années par les familles des disparus». Ce mécanisme, dont «les pouvoirs, les modalités de fonctionnement et les prérogatives de mécanisme n'ont pas encore été rendus publics», fait constater SOS Disparus, sonne comme une réponse du pouvoir au mémorandum envoyé au Président de la République en date du 17 novembre 2002, contenant les principales revendications des familles des disparus. SOS Disparus réitère, dans son communiqué d'hier, les préalables qu'elle pose pour une solution définitive au dossier des disparus, lesquels préalables sont contenus dans ledit mémorandum. Il s'agit de «la mise en place d'un processus contradictoire et individualisé, l'établissement de la vérité sur les disparitions forcées en Algérie». En outre, SOS Disparus demande la participation des représentants des familles des disparus ainsi que de la Laddh à ce processus et de donner la possibilité aux familles «de soumettre leurs cas en présence de leurs témoins et d'un avocat de leur choix». Le cas échéant, estime encore cette organisation, «le mécanisme annoncé revient à une simple répétition de l'action de l'Ondh et de la Cncppdh». A contrario, l'Association nationale des familles de disparus (Anfd) que dirige Mme Kouidri a parlé hier de «reconnaissance officielle» et d'«avancée dans le règlement politique du problème». La présidente de l'Anfd que nous avons jointe hier par téléphone, n'ignore pas que l'annonce faite par la présidence de la République intervient «à quelques jours de la tenue de la réunion de la commission des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, mardi prochain. Elle n'ignore pas non plus que cette annonce intervient sur fond d'agitation électoraliste». Elle préfère parler d'«amélioration par rapport à la réponse que le Président Bouteflika m'a donnée lors du meeting de Harcha sur la Concorde civile, en septembre 1999. Une amélioration qui est due à la ténacité et aux efforts fournis par les familles de disparus pour faire éclater la vérité». Notre interlocutrice prend ses distances par rapport aux partisans d'«une enquête sur les disparitions». Elle considère que les enquêtes sont faites pour «enterrer les dossiers». Pour Mme Kouidri, «nos enfants ont été pris suite à une décision politique et leur sort sera connu grâce à une décision politique». Signalons que le bureau de l'Anfd se réunira probablement mercredi prochain pour dégager la réponse officielle à donner à l'annonce faite par la présidence de la République. Pour rappel, le Président Abdelaziz Bouteflika a confié le 6 août dernier à un «mécanisme ad hoc», «une mission temporaire» de prise en charge de la question des «disparus», selon un communiqué de la présidence de la République. Ce mécanisme «ne doit pas être conçu comme une commission d'enquête ni comme substitut aux autorités administratives et judiciaires compétentes», mais comme «un centre de gestion et une interface» entre les pouvoirs publics et les familles des personnes disparues. Le nombre des disparus, entre 1992 et 1998, est estimé à 18.000 par la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) de Me Abdennour Ali-Yahia. Les autorités ont reconnu le dépôt de plus de 7000 dossiers de recherche, notamment auprès de l'ancien Ondh. Elles ont affirmé que la plupart des disparus sont, en fait, des islamistes ayant rejoint les maquis.