Le rassemblement auquel a appelé, hier au niveau du ministère de la Justice, l'association SOS Disparus n'a pas connu une grande effervescence au vu du nombre de manifestants présents sur les lieux. Les deux cents personnes qui ont tenté de se rassembler devant l'institution étatique ont été bloquées au niveau du boulevard Saint-Raphaël. D'ailleurs, le cordon sécuritaire établi sur les lieux du rassemblement s'en est chargé de fort belle manière en déchirant les banderoles et en tabassant quelques manifestants, heureusement sans gravité. Menés par Mme Nassera Dutour, présidente du collectif des familles de disparus établi en France et porte-parole de SOS Disparus, les manifestants ont crié leur désarroi quant au sort des disparus présumés morts. Ce à quoi les manifestants répondent qu'aucun dossier de disparus n'a été élucidé par les pouvoirs publics puisque aucune famille n'a récupéré le corps de son proche. «Les disparus ne peuvent être déclarés morts, tant que leurs cadavres n'auront pas été trouvés. Les familles veulent retrouver leurs proches ou leurs corps. Elles veulent également que, quelle que soit leur étiquette, les assassins soient jugés par une justice autonome», avait déclaré dernièrement Me.Ali Yahia Abdenour, président de la Laddh. Le nombre de disparus est pour le moment difficile à établir et ne peut être qu'approximatif. Les fiches établies par la Laddh et les associations de disparus font ressortir 7200 disparus alors que le Président Abdelaziz Bouteflika estime leur nombre à 10.000. Tandis que la Laddh à 18.000 et certains défenseurs des droits de l'Homme à 22.000. Hier au ministère de la Justice aucun haut responsable n'a voulu prendre en charge cet épineux dossier qui risque de ternir davantage l'image de l'Algérie au point que les manifestants ont refusé de remettre leur communiqué à de simples «subalternes». «Le rassemblement d'hier s'est voulu une autre forme de protestation contre les pressions que subissent les familles de disparus, et la mauvaise foi du système judiciaire», lit-on dans le communiqué. En effet, selon les animateurs de l'association SOS Disparus «plusieurs familles se sont heurtées, au mieux, à l'indifférence des autorités et au pire, ont reçu des menaces, des insultes et subi diverses pressions». Ces manoeuvres dilatoires de la part des autorités, si elles s'ajoutent à la douleur des familles, n'entament en rien ni leur courage ni leur détermination dans leur quête de vérité et de justice. D'ailleurs elles se donnent rendez-vous chaque mercredi pour se rassembler devant le siège de la Commission consultative des droits de l'Homme à Alger.