Un soutien américain plus actif à la quête palestinienne d'indépendance est d'autant plus crucial qu'Israël a opposé par la voix de Netanyahu et Lieberman un triple non aux Palestiniens. Le président palestinien Mahmoud Abbas se rend aujourd'hui à Washington pour sa première rencontre avec le président Barack Obama, dont il attend un soutien actif à la création d'un Etat palestinien en dépit de l'opposition d'Israël. L'entretien à la Maison-Blanche, jeudi, interviendra dix jours après celui qui a réuni M.Obama et le Premier ministre israélien de droite, Benjamin Netanyahu, et au cours duquel les deux hommes ont étalé leur divergences à propos de l'Etat palestinien que les Etats-Unis et le reste de la communauté internationale veulent voir aux côtés d'Israël. «Nous avons beaucoup de sujets à discuter avec le président Obama concernant le processus de paix (..) notamment l'arrêt de la colonisation et ce qui doit être fait à cet égard ainsi que l'acceptation par Israël d'un règlement (du conflit sur la base d'une solution) à deux Etats», a déclaré M.Abbas à la télévision palestinienne, dimanche, avant de s'envoler pour une visite au Canada. Un soutien américain plus actif à la quête palestinienne d'indépendance est d'autant plus crucial pour l'Autorité palestinienne qu'Israël a opposé dimanche par la voix de Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères ultranationaliste, Avigdor Lieberman, un triple non à la création d'un Etat palestinien souverain, à un retour aux frontières de 1967 et à un gel de la colonisation. «Le président Obama est sérieux dans sa volonté d'accorder au règlement du problème palestinien sa priorité au Proche-Orient. Mais faire appliquer un tel règlement dépend de la capacité du président Obama à remettre les choses sur le droit chemin», a ajouté M.Abbas. Après la relance du processus de paix en novembre 2007 sous les auspices de Washington, M.Abbas et le prédécesseur de M.Netanyahu, Ehud Olmert, se sont rencontrés à plus de vingt reprises mais les négociations, qui ont été suspendues en décembre, n'ont enregistré aucune percée. «Sans l'acceptation par Israël d'un règlement à deux Etats et sans l'arrêt de la colonisation, une reprise des négociations sera impossible», affirme le porte-parole de M.Abbas, Nabil Abou Roudeina. «Il faut non seulement contraindre Israël d'accepter un Etat palestinien, mais aussi mettre en place un mécanisme pour atteindre cet objectif», a-t-il ajouté. «Nous allons écouter ce que le président Obama aura à dire sur ces points et nous procèderons ensuite à une évaluation globale de la situation», a poursuivi le porte-parole. Le négociateur palestinien Saëb Erakat estime, pour sa part, que M.Netanyahu «a affiché une claire attitude de défi à Washington» en résistant aux appels de M.Obama en faveur de la création d'un Etat palestinien. «Le président Obama a le choix: soit il contraint Israël d'accepter deux Etats et ouvre ce faisant une nouvelle page dans la région, soit il continue de traiter Israël comme un Etat au-dessus des lois, ce qui est susceptible de clore le chapitre de la paix et faire le jeu des extrémistes dans la région», affirme-t-il. M.Erakat juge inutile l'élaboration d'une nouvelle initiative de paix en soulignant que les plans existants, notamment la Feuille de route, embrassait la vision des deux Etats imaginée par l'ancien président américain George W.Bush lors de son premier mandat. «Ce que nous demandons au président Obama est de transformer cette vision en une voie politique réaliste», affirme M.Erakat. M.Abbas sera accompagné à Washington par son Premier ministre, Salam Fayyad, qui a formé la semaine dernière un nouveau cabinet excluant les islamistes du Hamas, qui contrôlent la bande de Ghaza depuis juin 2007, faute d'un accord interpalestinien de réconciliation en dépit de plusieurs sessions.