Des milliers d'hectares sont réservés à la culture de résine de cannabis. La récente saisie de 863 kg de résine de cannabis par les douaniers et les services de police d'Oran relance le débat sur la question du trafic de drogue dont est à l'origine le royaume chérifien. De multiples rapports des services de sécurité affirment que le Maroc «est en passe de devenir la plaque tournante du trafic mondial de stupéfiants». Les instances internationales dénoncent «l'existence d'une culture à grande échelle de cannabis à Ketamna», mais se complaisent dans un mutisme troublant. Selon les rapports de ces services de sécurité, il est fait état de «quelques milliers d'hectares servant à la culture et l'exploitation de résine de cannabis, source de bénéfices considérables», vite réinvestis, dit-on, dans «le trafic d'armes et autres». Pour le premier trimestre de l'année 2002, plus de 870 kg ont été saisis par les brigades de gendarmerie et quelques milliers de kilos (environ 18 433 kg) saisis durant les années précédentes aux frontières marocaines. La région de l'Ouest est classée parmi les zones les plus concernées par le trafic de stupéfiants en raison de son voisinage avec le royaume chérifien. Cette région enregistre des saisies record. Pour les quelques premiers mois de cette année, près de 715 kg ont été saisis représentant environ 40 % du trafic. Les voies maritimes n'ont pas échappé à la règle et servent aux trafiquants pour faire transiter leurs cargaisons en direction des pays européens, via l'Algérie. A titre d'exemple, durant le mois de juin, les forces de l'ordre ont appréhendé des contrebandiers au large des côtes de Beni Saf en possession d'une quantité impressionnante de résine de cannabis (12 000 kg). Cette saisie renseigne sur l'ampleur du trafic par voie maritime. Des quantités importantes sont acheminées du Maroc vers l'Europe et l'Asie ainsi que vers les pays africains. Il est séant de préciser, selon certains experts, que ces saisies représentent environ 10 % des quantités introduites frauduleusement sur le territoire national par voie terrestre et maritime. Durant l'année 2001, plus de 3 408 kg de résine dont 1 679, 87 kg étaient destinés à l'exportation vers divers pays ont été saisis par les services de police qui ont appréhendé 3 577 personnes. Durant la même période, plus de 1 414 kg de diverses drogues acheminées à travers les frontières marocaines ont été découverts lors de leur transit vers des pays européens et maghrébins. Près de 196 kg ont été saisis par les services de police tunisiens, français et américains. Devant ce fléau grandissant, le Pnucid, un programme onusien de lutte contre le phénomène, ne s'est jamais senti obligé d'insérer le royaume chérifien dans la liste des pays narcotrafiquants. En effet, le rapport 2001, rendu public dernièrement lors d'un forum, innocente le Maroc, mais accable l'Afghanistan et la Birmanie en déclarant ces pays coupables d'être à l'origine de 90 % de la production mondiale de drogue. Une source proche de Pnucid justifie officieusement l'occultation du Maroc par «les turbulences que traversent les relations algéro-marocaines (qui) ne devraient pas être amplifiées», ajoutant que «c'est la seule raison du silence momentanée des organismes onusiens». Le Pnucid reconnaît son incapacité à réunir des d'informations fiables sur la culture mondiale de drogue, et surtout au Maroc.