Khaled, la jambe dans le plâtre, fera une entrée fracassante. Alors que nous parviennent de mauvaises nouvelles dans cette Algérie des paradoxes, l'Oref célébrait lundi soir le 40e anniversaire de l'Indépendance et de la Jeunesse. L'esplanade était en fête. Il s'agit du premier d'une série de mégaconcerts devant s'étaler sur quatre jours avec à chaque fois en tête d'affiche, une grosse pointure du raï. A l'entrée de l'Oref, la route est barrée par des policiers, il faut montrer patte blanche pour pouvoir passer. Un dispositif sécuritaire impressionnant a été placé à l'intérieur comme à l'extérieur pour parer tout débordement. Après l'attente, le concert débutera vers 21h. Chérif Hedjam, comédien d'Oran dit Hmimich présentera le plateau musical de la soirée. «Du 100% musique algérienne», ne cessera-t-il de marteler jusqu'à la fin de la soirée. Et c'est au groupe D'zair d'entamer la fête avec leur rock binaire, profondément serein et planant. Le groupe revisitera leurs tubes qu'on connaît: Atlas, Nadem, Sarah, Lythim et El Mal Ouali Nar, des titres qui figurent sur leur excellent album qui n'est pas encore sorti sur le marché faute d'éditeur. L'appel est lancé! Pour info le groupe sera le 10 juillet au Théâtre de Verdure et le 21 à l'Esplanade (Oref) pour animer un concert dans le cadre de la Fête de la police. A 22 h 45 place au rap mi-satirique, mi-déconneur avec Lotfi du groupe Double Canon dont le public connaît quasiment par coeur toutes les chansons. Kamikaz, Bad-boy, Algéria, Bnete-bledi sans oublier Kolyom Bouraka, chanson très populaire à Annaba d'où est originaire Lotfi qui ne cessera de haranguer la foule par son charmant accent annabi. Après le rap, l'honneur est revenu à 22 h 45 à la musique sétifienne avec cheb Rochdi, un petit bonhomme qui nous vient de Aïn El-Fouara et dont la voix est très prisée par les Algériens. Chemise blanche sur pantalon beige, Rochdi entonne Heya, heya, devant un public conquis d'avance, c'est que cet auteur, notamment, de Rouh traouah, Jibouli malet El jean est un sacré «ambianceur» qui n'hésitera pas à donner le meilleur de lui-même «Fi khater shab el assima et shab el monument!». 23h 10 c'est à Chatrane de radio El Bahdja bien sapé dans son beau costume noir de présenter le chanteur venu exprès de France pour chanter pour la fille et la femme algériennes pour lesquelles il dédicacera son premier morceau. Ce tombeur de charme qu'est Hocine Lasnami dont la prestation est passée quasiment inaperçue tant le public s'impatientait pour voir et écouter son idole, le King du raï, Khaled Hadj Brahim. Hocine Lasnami fera pas mal bouger l'assistance avec Ahna khir melhk et c'est au groupe de flamenco Mediterranéo de prendre place. Le public peu nombreux au début ne cessera d'affluer. La musique emplit les oreilles, le monument de Riad El-Feth est comme promis illuminé avec une dominance vert. Samia Diar et Mohamed munis chacun d'une guitare feront un tour d'horizon de quelques-uns de leurs tubes baignés dans les rythmes du pourtour de la Méditerranée. Le public, deux en fait, un familial et l'autre jeune séparé par une barrière, est joyeux et danse gaiement. Il scande le nom de Khaled à tue-tête, lorsque minuit est aux portes. Ce dernier, se fait désirer. C'est à minuit et demie qu'il fera son apparition entouré d'une armada d'agents de sécurité, la jambe dans le plâtre et se tenant donc sur des béquilles. La venue de Khaled déchaîne la foule, on se précipite près de la scène pour admirer le King. Son entrée sera spectaculaire: «Bechfa inchallah», lui scande-t-on. Khaled est entouré d'un solide groupe de musiciens dont Abd El-Ouahed au oud un Marocain, Mustapha dit Michael d'Oran claviériste, Léondro, un Argentin au saxophone et Hafid un Algérien à la batterie. Khaled envoûte d'emblée son auditoire par une voix aux accents graves et enroués qui porte très loin. «Rouhi ya ouahran, ouali darek, Abdelkader ya Boualem» qui mettra le feu dans le public, mais aussi, Sahra, Bakhta, Didi, Trig El lycée autant de titres qui feront vibrer le coeur de l'assistance et surtout, danser avec beaucoup de bonheur et d'enchantement. Khaled est chaleureusement ovationné, on sent son malaise d'être tout le temps assis, durant ces deux heures de spectacle, mais il se donne à fond pour le plaisir de ses fans. Vers 1 heure du matin, les portes de l'Oref s'ouvrent et les milliers de personnes agglutinées dehors entrent gratuitement sur initiative de Salim Saâdoun. Le concert est interrompu par l'arrivée du ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi qui viendra féliciter l'artiste et dira qu'il est mieux qu'un Bob Marley ou les Beatles. Elle lui remettra le drapeau national. Khaled, le brave, est coi d'émotion, mais il est obligé d'enchaîner. Son concert a été tout simplement «génial, géant!», selon les propos d'un fidèle admirateur. Khaled sortira un nouvel album, nous informe un de ses musiciens, Mustapha. «Il est plein de couleurs notamment, de chansons sur l'Algérie, sur Oran et Alger où il cite tous ces quartiers comme Belcourt..». Fin prêt, cet album contiendra en outre 4 titres live. Nous l'attendons avec impatience!