Khaled, Bilal, Faudel et Mami, quatre stars du raï ont insufflé un vent de délire sur l'esplanade. Contrairement à la veille où cheb Bilal avait drainé beaucoup de monde, la guest-star de ce mercredi, cheb Faudel, n'a pas attiré la grande foule. Il règne cependant, ce soir, une ambiance assez « saine » malgré le peu d'affluence. Le rythme commence un peu à s'essouffler. Mais on continue tout de même à faire la fête et à danser. L'absent de la soirée fut le groupe Gnawa Diffusion qui n'a pas apprécié d'être relégué au second plan, c'est-à-dire après le petit prince du raï Faudel, la star, en fait, de la soirée. Amazigh Kateb, leader du groupe, s'est tout de même excusé en envoyant, à la veille de son spectacle, un certificat de maladie faisant état de boutons sur les... mains! Quoi qu'il en soit, ce mégaconcert aura eu le mérite de faire émerger de nouveaux talents ou du moins nous faire découvrir un excellent groupe annabi qui manie avec délicatesse nos sonorités algériennes (chaâbi, kabyle, gnawi, raï...) au groove fluide et dansant avec un esprit jazzy. Il s'agit du groupe Foursène el-Djanoub. Il est composé de Mounir Cheriak, guitariste, soliste chanteur et leader du groupe, Zineddine Chergui le claviériste, Redouane Bouhalila à la basse, Mohamed Yazid Kout à la batterie et Mohamed Wali percussionniste. Foursène nous interprétera avec bonheur El-Mama, Foursène, Djazaïria, Red Baron, Caravan et Winhoum Laârab, un morceau sur l'«immobilisme arabe à propos de ce qui se passe en Palestine, le tout tourné en dérision». Hamidou arriva sur scène vers 22h pour interpréter quelques morceaux les plus connus du répertoire de notre musique algéroise, notamment andalouse, mais aussi kabyle qui enflamma les jeunes. Lotfi Attar, du groupe Raïna Raï, fit son entrée modestement, et fidèle à son personnage. Zine El-Tayla, Fatima, Mimouna...autant de titres chantés sur un tempo électro-gnawi-raï qui mettra le feu à l'esplanade. On notera, en outre, la présence de cheb Khaldoun (clone musical de Khaled en remplacement de Gnawa Diffusion). Quand minuit sonne, les jeunes «se débrident» et se lâchent. On se croirait dans un stade. Leur humour corrosif et délirant à l'endroit des policiers et des agents de sécurité, présents du côté de la scène, fera tache à l'arrivée du ministre de la Culture, Mme. Khalida Toumi, accompagnée du chef de cabinet, Mme Zehira Yahi. Ces dernières seront rejointes par Khaled et son épouse ainsi que par Mami, pour assister - un moment - au concert de Faudel, bombardés qu'il étaient sous le tonnerre de flashs des photographes. Ils ont quasiment volé la vedette à Faudel qui, lui, ne cessera de danser, de faire sensation au sein du public. Avec Lorens à la batterie, Christian à la guitare, Ferhat au violon, Mustapha à la derbouka, Samah à l'accordéon Leondro, le claviériste et Jean-Pierre à la basse, tous d'excellents musiciens, Faudel n'a eu aucun mal à donner le meilleur de lui-même en chantant notamment ses fameux succès enrobés dans du raï, techno oriental: Ya Lila, tellement je t'aime, Abdelkader ya Boualem, Je me souviens yema...Faudel, tout de blanc vêtu, terminera son show en apothéose avec cheb Kada au synthé. «Je suis en train de réaliser mon rêve. J'anime un concert à Alger!», a lâché l'artiste au milieu du spectacle, ému en découvrant, pour la première fois, son public algérien. La soirée du jeudi a clôturé cette série de méga-concerts avec la participation de Tay Tay et de la diva du raï, Zahouania, Diwan Dzaïr dans le genre gnawi et Mami qui sera le «dieu» de la soirée. Entouré d'un très bon groupe de musiciens, à savoir Mustapha Mataoui au piano, Fetati Mejdoub au violon, Haoua Nasser à la derbouka, Karim Ziad à la batterie, Serge Lavalette à la guitare, El-Hadjraoui Mimoun Rabah à la basse, Fossmalle aux séquences et Zinedine Rabah au choeur, Mami enchaînera tube après tube dont Habulou, Mali Mali, Tkelchi, Fatma... Il cassera véritablement la baraque à l'esplanade, même Khaled n'a pas drainé autant de monde. C'est le délire à son apogée. L'Oref devient une fourmillière. Khaled était attendu à minuit pour chanter aux côtés de Mami et de Zahouania sans oublier notre ministre de la Culture, l'hymne national, mais il ne vint pas. L'hymne sera entonné, en fait, avec une heure de retard soit à 1h du matin! La surprise de cet ultime mégaconcert, fut l'illumination du monument tout entier des trois couleurs de l'emblème national. Annoncé pour clôturer la soirée ensemble, Mami, Khaled, Faudel et Bilal, firent faux bond. Mami a, toutefois, tenu en haleine tout le public. Son concert fut tout simplement époustouflant.