C'est un parti en pleine tourmente qui tiendra aujourd'hui son conseil national dans une phase marquante de sa jeune histoire. Un de ses précédents dirigeants, Fardjallah, critique sévèrement le chef et ses collègues: «Ça part dans tous les sens»! Le RCD traverse une zone de turbulences où certains responsables veulent créer un courant pour la liberté et la démocratie. Huit dirigeants et membres du secrétariat national ont ainsi goûté aux effets de la colère du président de cette formation, et la liste reste ouverte. Selon l'un d'eux, Djamel Fardjallah, ex-n°2 du parti, une purge «imminente» se met en place avec «force calomnies et mensonges à base de rumeurs» contre deux à cinq éminents cadres dirigeants. Selon lui, le RCD «s'englue» chaque jour davantage dans une crise structurelle de fonctionnement. La situation du parti est telle qu'elle est en proie à des doutes existentiels et à une introspection. La crise profonde qui secoue le parti est essentiellement due à une interrogation profonde sur la nature, les objectifs et le positionnement que doit adopter dorénavant le RCD. Son leader, Saïd Sadi, resté silencieux depuis quelque temps, devrait sortir de sa coquille à l'occasion de cette rencontre pour répondre à ses détracteurs et tenter d'impulser une dynamique qui ne semble pour l'instant convaincre personne...hormis ses fidèles lieutenants. Depuis le renoncement de son leader à la dernière élection présidentielle d'avril dernier, le RCD; mêlé à une crise interne, s'est divisé sur la question de la vision stratégique. Le dernier message adressé aux militants, et dans lequel le Dr Sadi a tenté d'expliquer en vain son projet de société, n'a pas été entendu: «Notre parti, disait-il, est porté par des convictions, une solidarité et un projet de société que nul ni personne ne pourra altérer. Il avancera selon les normes éthiques, les exigences démocratiques, les intérêts de la collectivité nationale et les objectifs qu'il s'est fixés.» Les questions qui se posent à la formation sont pourtant essentielles: le RCD est-il réellement dans l'opposition? Se caractérise-t-il par les valeurs républicaines? Est-il un parti d'opposition, un parti essentiellement contestataire représentant les «déshérités» ou est-il un parti appelé à assumer uniquement le pouvoir? La rencontre d'aujourd'hui du Conseil national en retard de sept mois sur le calendrier ne devra pas apporter grand-chose sauf celui d'annoncer l'exclusion officielle et définitive de Ali Brahimi et de Tarek Mira dans le viseur du président depuis quelque temps.