Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) tiendra aujourd'hui la sixième session ordinaire de son conseil national dans des conditions peu ordinaires en raison des remous provoqués par une série de démissions ou de mises à l'écart de certains cadres du parti. La réunion du CN devra d'ailleurs statuer sur le cas des députés et non moins hauts cadres du parti, que sont Ali Brahimi et Tarek Mira, qui ont rejoint le camp des opposants à Saïd Sadi, et qui ont déjà été interdits de toute activité au sein ou au nom du RCD. La réaction des membres du conseil national face à cette hémorragie de cadres devrait donner la mesure de cette réunion. Jouera-t-il de tout son poids pour étouffer dans l'œuf toute éventuelle secousse interne en minimisant ces départs, ou bien actionnera-t-il la carte du jeu démocratique en ouvrant un débat calme et serein ? Saïd Sadi se trouve sans nul doute dans une délicate posture et à un tournant des plus sensibles de la vie du parti. Accusé de camper le rôle de « dictateur » dans le parti, le président du RCD perd l'un après l'autre ses proches collaborateurs qui fustigent « sa gestion solitaire et arbitraire conduite d'une main de fer par un président inamovible », comme souligné par Djamel Fardjallah dans un précédent communiqué. Si le départ de Fardjallah n'a pas provoqué un grand séisme au sein du RCD, celui des députés Tarek Mira et Ali Brahimi risque de ne pas passer comme un nuage d'été. Après les lettres de Fardjallah et de Mira, le député de Bouira, Ali Brahimi, vient de confirmer, à travers un communiqué, sa mise à l'écart, et a dénoncé une volonté de le réduire au silence. « Une lettre datée du 2 juin 2009, signée par le secrétaire national à l'organique, fait état de ma suspension du parti avant traduction devant la commission des conflits », annonce-t-il, en dénonçant « un piège à caractère policier ». Et d'ajouter : « Décidée à 48 heures de la première session ordinaire du CN après sept mois de gel de cette instance souveraine, cette nouvelle sanction vise à m'interdire la prise de parole devant elle. » Est-ce à dire que Saïd Sadi a opté pour le durcissement ? Le député affirme que « le président est le seul à décider de tout au RCD. Cette suspension est la traduction administrative dont le but est d'empêcher toute velléité de débat sur le fonctionnement et la ligne politique ». Une ligne politique touchée, dit-il, d'« errements qui ont atteint ces derniers temps un niveau d'irresponsabilité qui hypothèque l'avenir du parti ». Qualifiant la commission de discipline du RCD de « mort, à l'image de tout intégrisme, on y goûte une seule fois », Ali Brahimi dit refuser « de se soumettre à la guillotine ».