L'Algérie ne dispose pas du savoir-faire et de la maitrise technologique nécessaires à l'enrichissement de l'uranium. Invité du Forum de l'Entv, le samedi 6 juin, le ministre de l'Energie et des Mines a cité au moins deux facteurs qui contrarieraient la mise en oeuvre d'une stratégie de développement du nucléaire civil. «Le nucléaire pose le problème de l'enrichissement et de l'importation de l'uranium», a déclaré Chakib Khelil au journaliste qui l'a interrogé sur ce domaine si particulier dont l'Algérie semblait en avoir fait la priorité pour faire face à une période de l'après-pétrole dont les spécialistes annoncent l'imminence. L'Algérie aurait-elle fait marche arrière? Le ministre algérien de l'Energie et des Mines laisse planer le doute. «Le gouvernement doit trancher la question», nous répond-il. Puis il s'interroge à nouveau: «Peut-on dépendre d'une puissance étrangère pour importer ce produit? Il faut décider d'où importer de l'uranium enrichi. De Russie, de France?», se demande Chakib Khelil. Voilà une très bonne question qui vient à point nommé pour remettre sur le tapis la dépendance de l'Algérie par rapport à l'extérieur. On se demande si le gouvernement tranchera la question sur cette base. La dépendance de l'Algérie par rapport à ses besoins est tous azimuts. Et dans ce registre, l'économie algérienne excelle. Elle dépend de l'étranger pour la pomme de terre, les céréales, les médicaments, l'automobile, la poudre de lait... La facture est lourde: 8 milliards pour satisfaire les besoins alimentaires de la population algérienne. Parmi les deux obstacles principaux qui obligeraient l'Algérie à opter pour un autre choix que celui du nucléaire civil figure en bonne place celui du manque de compétences nationales en la matière. Que deviendront alors les nombreux accords de coopération signés dans ce domaine avec, notamment la Russie, les Etats-Unis ou bien la France? Tout semblait pourtant baigner dans l'huile. En particulier, celui conclu avec la France en juin 2008. «L'Algérie et la France vont entamer une coopération historique dans le nucléaire civil et la défense», avait déclaré le Premier ministre français lors de sa visite à Alger qui a duré deux jours. La coopération franco-algérienne dans le domaine du nucléaire a commencé à pointer sérieusement le bout du nez dès le second semestre 2007 lorsque Areva, firme française spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium avait remporté un contrat de 50 millions d'euros. Il est vrai qu'il était question du renforcement du réseau national électrique. Sonelgaz avait prévu tout un programme de modernisation de ses infrastructures électriques. Cependant, selon certaines informations qui ont filtré à l'époque, la filiale algérienne d'Areva était sur le point de finaliser un projet qui consistait en l'installation d'un centre d'ingénierie au coeur de la capitale algérienne. «Nous sommes très heureux de la confiance que Sonelgaz porte aux solutions d'Areva TDX.» Le projet de création de ce fameux centre d'ingénierie pourrait jeter les bases de la coopération entre la France et l'Algérie dans le domaine de l'énergie nucléaire qui tient tant à coeur au président Nicolas Sarkozy. Il serait le premier du genre en Afrique et devrait accueillir une cinquantaine d'ingénieurs algériens et français. L'Algérie pourrait, en effet, avoir fait machine arrière en optant pour l'éolien et surtout l'énergie solaire dont la générosité du ciel d'Algérie ne demande qu'à être captée, ce que ne nous dit pas Chakib Khelil.