«Les aides sociales ne vont pas aux personnes nécessiteuses», a reconnu le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Escroquerie à grande échelle au département de Ould Abbès! L'argent des pauvres est squatté par des milliers d'arnaqueurs. Près de 70.000 personnes ont été radiées des listes des bénéficiaires de l'allocation forfaitaire de solidarité (AFS) attribuée aux sans-revenus. C'est le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamel Ould Abbès, qui l'a révélé jeudi dernier à partir de la tribune de l'APN. Ce n'est pas la première fois qu'on parle d'arnaque. Les scandales sur les cas de détournements se multiplient au département de la Solidarité. A titre d'exemple, on rappellera que le couffin de Ramadhan et le cartable scolaire ont également fait l'objet de plusieurs détournements. Destinées au profit de 3 millions de démunis, les aides sont octroyées à d'autres parties et parfois à des personnes nullement dans le besoin. L'aveu est de Djamel Ould Abbès. En réponse à une question d'un député sur les dépassements relevés dans l'attribution des aides sociales, le ministre a avoué que les aides sociales ne vont pas aux personnes nécessiteuses. «Le vrai nécessiteux ne tend jamais la main», a-t-il reconnu sans gêne devant les caméras de la Télévision. Preuve à l'appui, il indiquera que son département a relevé 42.000 bénéficiaires illégaux entre fin février et début mars 2009 qui ont été radiés des listes des bénéficiaires de l'AFS passée de 1000 à 3000 DA/mois. Suspendue lors de la campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril dernier, l'opération a été relancée et une «enquête minutieuse» a dévoilé près de 70.000 bénéficiaires illégaux sur un total de 750.000 au niveau national. M.Ould Abbès est allé plus loin dans ses révélations en citant quelques exemples sur ces dépassements enregistrés. «Nous avons constaté qu'un fonctionnaire d'APC et un autre employé dans un hôpital percevaient l'indemnité d'activité d'intérêt général (IAIG) qui est de 3000 à 4200 dinars par mois», a-t-il déploré. Le ministre n'écarte pas la possibilité d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre de ces personnes. Outre les réunions régionales tenues avec les responsables locaux à travers le territoire national, le ministre a donné «des instructions fermes» au directeur de l'Agence de développement social pour prendre les mesures nécessaires et préserver les fonds publics. Il a rappelé dans ce sens qu'un budget de 30 milliards de DA est attribué à cette allocation. Concernant la proposition du député relative à l'établissement d'«un budget social» pour la prise en charge des catégories démunies, M.Ould Abbès a estimé que cette opération «requiert un examen approfondi», soulignant toutefois que ces catégories sont prises en charge dans le cadre de la loi de Finances. A une autre question sur la création d'une allocation pour les jeunes chômeurs, le ministre a répondu qu'une telle mesure n'est pas la solution adéquate. Pourquoi? Tout simplement, parce que cette catégorie est prise en charge dans le cadre de mesures et mécanismes mis en place durant les dix dernières années, explique-il, citant à titre d'exemple le pré-emploi destiné aux diplômés des universités et centres de formation professionnelle et le système des microcrédits dont des milliers de chômeurs ont bénéficié. Par ailleurs, et à propos des chiffres avancés par la Forem portant sur l'exploitation des enfants, le ministre a fermement démenti cette information. Tout en précisant qu'il a un dossier sous la main, le ministre promet de livrer son contenu prochainement, comme il promet également de saisir à ce sujet le Premier ministre et le président de la République.