Les essais nucléaires et l'indemnisation des victimes, l'acte de repentance et la léthargie des investissements français sont à l'origine de ce froid. Alger et Paris souffrent de leurs relations qui restent grippées ces derniers mois. Le report de la visite officielle du président Bouteflika en France, prévue initialement pour ce mois de juin, est un signe qui ne trompe pas. Cette décision est loin d'être fortuite, bien au contraire elle obéit à des considérations particulières dans la pratique diplomatique. Même si rien n'a été soufflé sur ce sujet, il y a bien des raisons à l'origine de ce report. Le dossier des essais nucléaires français en Algérie et l'indemnisation des victimes, l'acte de repentance, les archives de la guerre et la torpeur des investissements français en Algérie sont autant de dossiers qui minent les rapports entre les deux pays. Les dernières déclarations du chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, illustrent bien qu'il y a effectivement des zones d'ombre. Sur le dossier des essais nucléaires, M.Medelci a avoué lors de son passage mercredi dernier à l'émission Tahaoulat de la Chaîne I que Paris n'a pas satisfait aux exigences de l'Algérie. Cette révélation n'est qu'une infime partie de l'iceberg. Une simple analyse des propos du ministre permet de constater que l'Algérie est mécontente de la manière dont est géré le dossier des essais nucléaires. «Nous avons discuté avec la France de la question liée aux essais nucléaires avant l'élaboration du projet de loi par le ministère français de la Défense», a précisé M.Medelci qui a fait part de la préoccupation de l'Algérie quant à ce chapitre qui n'a jamais été appréhendé sous l'angle d'un projet de loi ni d'une affaire d'indemnisation. Selon lui, cette affaire ne concerne pas uniquement les indemnisations mais elle porte sur d'autres préoccupations. Il a évoqué dans ce sens le souhait d'Alger d'avoir accès aux archives des essais nucléaires. A en croire ses dires, l'Algérie cherche à connaître toute la vérité sur ces essais, notamment en matière de produits chimiques utilisés, en qualité et en quantité, lors des 17 essais. Le second point revendiqué par l'Algérie est lié aux impacts négatifs de ces essais sur l'environnement. «Nous avons discuté l'impact des essais sur la pollution de l'air, de la pierre et les conditions» de vie de la population. M.Medelci a affirmé que la France avait accepté le principe de la mise en place d'un groupe de travail qui veillera sur l'évaluation des effets négatifs des essais afin de prendre les mesures possibles pour améliorer les conditions de vie des populations et minimiser le danger auquel elles sont confrontées. Raison pour laquelle, le gouvernement algérien persiste et signe sur la nécessité de l'acte de repentance. Le secrétaire général de l'instance exécutive et représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, a réitéré récemment l'importance de cet acte dans la consolidation des relations entre les deux pays. Alors qu'Alger insiste, Paris continue de faire la sourde oreille. Sur le plan économique également les choses ne sont guère mieux. Le ministre des Affaires étrangères, qui a qualifié les relations avec la France de stratégiques, n'a pas manqué de qualifier la présence des investisseurs français en Algérie de «mitigée». Le ministre a reconnu que la présence d'opérateurs français en Algérie est insuffisante. Ce constat a été établi à plusieurs reprises par les responsables algériens qui reprochent aux opérateurs français d'êtres sceptiques. La dernière édition de la Foire internationale d'Alger en est la preuve. La France a toujours occupé la première place: cette fois-ci, elle a cédé sa place à la Chine. La présence timide des exposants français n'est plus à démontrer. Selon M.Medelci, ces questions seront abordées «à un haut niveau». «Il faudrait bien tirer les choses au clair afin de promouvoir les relations bilatérales et les concrétiser sur le terrain», a-t-il affirmé.