Ce fléau se développe à des proportions exponentielles. Ça carbure aux frontières. Les filières de contrebande y prospèrent. Les réseaux spécialisés dans le trafic de carburant ne cessent de saigner l'économie nationale en expédiant des quantités impressionnantes d'essence et de mazout et même des lubrifiants de l'autre côté des frontières. Plus de 87.786 litres de carburants abandonnés par les contrebandiers sur la bande frontalière ont été récupérés par les gardes-frontières et les différentes brigades de la Gendarmerie nationale durant la période allant de 22 mai au 12 juin courant. Néanmoins, cette quantité récupérée aux trois points des frontières poreuses représente une somme de près de 1,8 milliard de dinars. Rappelons toutefois que des quantités énormes et de loin supérieures à celles récupérées traversent la bande frontalière. Ce fléau se développe à des proportions exponentielles grâce à des complicités avérées, mais aussi, vu l'immensité de la bande frontalière terrestre, qui s'étale sur des milliers de kilomètres. Ainsi, comme à l'accoutumée, la frontière ouest bat tous les records. Pas moins de 10.170 litres de mazout et 46 chèvres, abandonnés par les contrebandiers, ont été récupérés par les gardes-frontières de Tlemcen en début de mois. Cette contrebande touche un éventail de produits très variés allant de produits alimentaires en passant par les carburants, la drogue jusqu'aux munitions et armes de guerre pour dire tout le préjudice économique et la dangerosité que peut engendrer ce trafic tous azimuts. En début juin, les gendarmes de la brigade territoriale de Tlemcen et d'Oran ont récupéré deux sacs contenant 12 et 30 kilogrammes de kif traité. Tandis que la brigade de Sétif a récupéré le 6 juin dernier 87 quintaux de tabac à chiquer, sans facture. En outre le 27 mai, agissant sur informations, les gendarmes de la section de recherche de Batna ont interpellé deux personnes à bord d'un véhicule en possession d'un pistolet de fabrication artisanale avec 23 cartouches de calibre 16. Par ailleurs, selon un décompte des chiffres transmis dans les communiqués émanant du commandement de la Gendarmerie nationale datant du mois d'avril dernier, des saisies importantes de kif traité ont été effectuées durant la première quinzaine d'avril. Ainsi, ce sont près de 28.028 kg de drogue qui ont été saisis. Par comparaison, au cours du mois de mars dernier, un «petit» cumul de 23.238 kg de kif a été saisi. Pour les deux seules journées du 31 mars et du 1er avril, 8940 litres de carburants et 105 litres d'huile de moteur ont été saisis. Ces mêmes informations font état aussi de la récupération durant les 11, 12 et 13 avril, de trois saisies non négligeables atteignant respectivement 5580, 5970 et 2808 litres de carburant, soit un total de 23.298 litres pour ces premiers jours d'avril. Même constat pour le trafic de carburants, qui passe de 23.298 litres saisis en mars à (déjà) 27.978 litres pour les deux premières décades du mois courant. Ces saisies en augmentation constante sont pour le moins inquiétantes. Enfin, les trafiquants deviennent en effet de plus en plus aguerris et redoublent d'ingéniosité pour traverser les frontières du pays, devenues par endroits poreuses.