Le séjour en Suisse de la délégation FLN sera de courte durée. Sur une décision express prise par Paul Delouvrier, délégué général de la France en Algérie, Yacef Saâdi est transféré du pénitencier d'El-Harrach aux Baumettes (Marseille), en France, en 1960. après une énième tentative d'évasion, il décide, faute de mieux, d'incendier la prison qu'il venait de rejoindre. Conséquence, une décision express est prise par le délégué général Paul Delouvrier l'assignant à continuer de purger sa peine à la prison de Fresnes. A peine arrivé, il ressent comme un choc en se soumettant aux conditions de détention en vigueur dans sa nouvelle demeure forcée. Un choc positif, bien entendu. Et on le comprend, car à Fresnes, grâce notamment aux pressions des réseaux de soutien qui se sont formés dans l'opinion française en faveur de l'indépendance de l'Algérie, sur ordre de Paris, l'administration pénitentiaire avait lâché du lest en accordant progressivement «le régime politique» pratiquement à tous les détenus du FLN, qualifiés d'importants dans la hiérarchie de guerre. En comparaison avec l'ambiance du pénitencier d'El-Harrach et les conditions de détention barbares qu'il avait subies durant les trois dernières années qui venaient de s'écouler, Fresnes, pour Yacef, c'était le paradis. En arrivant, il rencontra quelques militants du début de la guerre comme Mohamed El-Bédjaoui, et des cadres dirigeants comme Rabah Bitat, arrêté le 16 mars 1955, mais aussi Mohamed Boudiaf, Mostefa Lacheraf, Aït Ahmed à l'exception de Ahmed Ben Bella qu'il ne pouvait voir, étant assigné à résidence dans un château.