Les milliards engloutis par Abderrahmane Achour ternissent de plus belle l'image des institutions financières algériennes. L'affaire Abderrahmane Achour dont la genèse remonte à la découverte d'un abyssal trou financier causé à la BNA, risque de livrer bien des secrets au fil d'un procès qui s'annonce long. Cette affaire, où le principal accusé est un richissime commerçant de la paisible localité de Koléa, n'a pas encore dévoilé tous ses dessous. C'est un véritable abysse financier dont on saisit à peine les contours. En effet, le principal accusé, tel que désigné par la justice algérienne ainsi que son autre co-accusé, ont, dès la découverte du pot aux roses, choisi de s'exiler avec dans leur escarcelle une faramineuse somme d'argent. Abderrahmane Achour ayant choisi de s'installer à Casablanca, capitale économique du Royaume chérifien, et l'autre ayant rejoint le terrain d'exil d'Abdelmoumen Khalifa, le Royaume-Uni. Néanmoins et depuis les dernières quarante-huit heures, le procès devant élucider ce scandale qui éclabousse la très officielle BNA, a commencé à se dérouler dans l'enceinte du palais de justice, de la rue Abane Ramdane, à Alger. A la barre vient d'être cité celui qui est décrit comme étant le cerveau de l'escroquerie. Soit Abderrahmane Achour, extradé du Maroc grâce à un mandat d'arrêt international diligenté à partir du bureau d'Interpol d'Alger. Son complice immédiat étant encore à l'abri des rets de la justice, car encore en Angleterre. Le procès s'est donc ouvert sous haute surveillance policière à Alger et a vu tomber les premières condamnations. Ces dernières, outre le milliardaire de Koléa, touchent des officiers de police. Toutefois, une armada d'avocats assure la défense. Il est reproché à l'homme d'affaires Abderrahmane Achour d'avoir constitué une bande de malfaiteurs et d'avoir dilapidé l'argent public. Un argent qu'il a par la suite investi dans une papeterie au Maroc. Pays où il s'est fait une réputation de citoyen au-dessus de tout soupçon. Dans ce dossier également appelé «affaire de détournement des 3200 milliards de centimes de la BNA», vingt-six personnes sont impliquées, dont trois demeurent encore en fuite. En fait, le principal accusé a littéralement puisé dans le modus operandi de Khalifa, usant de sociétés écran et autres sociétés fictives pour bénéficier de l'argent public. En outre la littérature qui entoure cette affaire évoque le recours systématique à l'attribution de cadeaux et autres royalties aux fonctionnaires. C'est que cet homme, propriétaire de plusieurs entreprises dans le secteur de la papeterie et des travaux publics, a tout appris, à quelques nuances près, du système mis en place par Khalifa. Il a engrangé des millions de dinars en siphonnant les comptes d'une banque publique. Il a pu bénéficier de largesses octroyées par de hauts responsables de la BNA en organisant une fuite de capitaux vers l'étranger, notamment vers le Maroc. Il ne s'agit donc pas d'un banal différend entre un homme d'affaires et une banque, mais plutôt d'une vaste escroquerie qui met en danger l'économie de l'Algérie et porte atteinte à la réputation des institutions de ce pays, notent par ailleurs d'autres observateurs. Ce que la justice qualifiera plus tard de corruption de fonctionnaires. Toutefois et en dépit des faits qui lui sont reprochés, Abderrahmane Achour se dit victime d'une cabale. Il évoque des envieux et sa crainte de se faire impliquer dans une affaire de drogue ou de trafic d'armes! D'où sa fuite vers le Maroc qui a signé, rappelons-le, des accords d'extradition avec l'Algérie. Cette parade fait d'ailleurs dire aux juristes qu'il s'agit là d'un dossier très lourd et dont l'issue ne sera effective qu'au bout de longues tractations. Le moins que l'on puisse dire est que ce scandale met dans la gêne et pour la énième fois, les autorités algériennes appelées à assainir le secteur bancaire.