Le Fonds Mediterranea est prêt à entrer dans le capital des entreprises locales à hauteur d'un à sept millions d'euros. Pour les petites et moyennes entreprises déjà en activité et qui ont des difficultés à contracter des crédits bancaires, le Fonds Mediterranea offre des opportunités de financement pouvant dépasser 50% de leur capital. Le directeur général du Fonds, Albert Alsina Gozalez, a expliqué hier lors d'une conférence au siège d'Algex que cette institution de capital-risque, qui intervient déjà au Maroc et en Tunisie, a pu voir le jour en concrétisation des décisions de la réunion du Processus de Barcelone en 1995. Le fonds se retire du capital des entreprises au bout de cinq ans et ses actions sont cédées pour faire une plus-value. Ce qui intéresse au plus haut point les actionnaires du Fonds parmi lesquels se trouvent la Banque européenne d'investissement, outil financier de l'Union européenne, ainsi que des banques te des entreprises espagnoles (Institut catalan des finances, Repsol, Telefonica). Une action a déjà été entamée en Algérie depuis quelques mois puisque le fonds est entré dans le capital d'une société de transformation de cellulose à Blida à hauteur de 49%. C'est ce qu'a expliqué Adel Si Bouakaz, responsable du bureau de représentation du fonds à Alger. Suite à la présentation de ce fonds hier, de nombreuses institutions et entreprises ont manifesté leur intérêt pour une telle formule. Le directeur de la Chambre de commerce de Béjaïa s'est dit intéressé par une visite du représentant du fonds dans la wilaya pour des contacts avec des entrepreneurs désireux d'expérimenter cette méthode qui permet d'enjamber les difficultés de financement bancaire ou du marché financier. Des entrepreneurs de Tizi Ouzou, de Constantine et de Mascara ont aussi prix attache avec les responsables du fonds pour prospecter la faisabilité de tels projets. Les intervenants qui ont eu le plus de réserves vis-à-vis de ce mode de financement sont les opérateurs du commerce extérieur. Kara Nacereddine, vice-président de l'Association nationale des exportateurs algériens, a regretté que les sociétés activant dans ce domaine ne soient pas répertoriées parmi les cibles du fonds. Les réponses des deux responsables de Mediterranea tiennent en quelques mots. Selon eux, la cible est constituée par des entreprises performantes et si c'est le cas pour celles qui exportent, ils disent qu'ils ne trouvent pas de raison pour ne pas entrer dans leur capital. Mais il est perceptible, à travers les arguments de Adel Si Bouakaz, que la priorité en Algérie n'est pas l'exportation mais plutôt la satisfaction du marché national. Selon lui, l'explosion de la facture d'importation est la preuve que le marché national est loin d'être satisfait en de nombreux produits. Sid Ali Abdellaoui, responsable du bureau d'études Euro-Maghreb Consulting, a introduit le débat sur l'environnement des entreprises en Algérie en considérant que l'informel pourrait être un handicap à l'extension de cette formule de financement. Là aussi, les deux responsables du fonds ont considéré qu'il est plus indiqué d'être associé à des entreprises en règle avec les différentes institutions, comme le fisc, même si la rentabilité de l'investissement est moindre, plutôt que de s'adonner à des affaires avec des entreprises moins respectueuses des lois. Adel Si Bouakaz ne voit pas, non plus, d'inconvénient pour associer les entreprises algériennes aux capitaux de leurs homologues européennes, comme le stipule l'instruction de décembre dernier du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. A noter également que le chef de division de la promotion des investissements au ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Ahmed Aït Ramdane, a regretté que le choix du fonds soit focalisé sur les entreprises privées performantes en mettant à l'écart celles qui sont en difficulté ou publiques. Ces deux types d'entreprises n'entrent pas dans la catégorie de cibles du fonds, est-il expliqué. En ce qui concerne les entreprises publiques, l'intervention de l'Etat peut être un frein à la liberté des actionnaires en cas de décisions de restructuration nécessitant des compressions d'effectifs alors que pour les entreprises en difficulté, il existe des institutions financières qui sont spécialisées dans ce genre d'activités. En réalité, il y a aussi la crainte que les entreprises performantes soient cédées à des étrangers à travers le fonds qui ne serait qu'un cheval de Troie. Enfin, il est à signaler que 1000 personnes se rendent quotidiennement en Espagne à travers les 248 rotations maritimes Oran-Alicante, selon El-Houari Attar, président-directeur général de la Société de développement commercial et industriel de la Méditerranée qui gère le pont logistique Oran-Ouest de la Méditerranée.