Une carrière de conteur est née à partir d'une simple rencontre avec un livre riche et un auteur talentueux. Rencontré à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou dans le cadre des journées du conte pour enfants, initiées par le journaliste Tayeb Bouamar, Seddik Mahi, conteur de Sidi Bel Abbès, nous a raconté son parcours passionnant dans cette activité qui s'adresse en premier lieu aux enfants. Mais aussi aux adultes, car, comme il tient à le souligner, écouter des contes n'est pas seulement une passion pour les mômes mais pour tous. Avec toute cette débauche de moyens de loisir qui existent aujourd'hui, il peut paraître anodin de s'adonner à cet art ancestral. Pourtant, raconter des histoires imaginaires dans un cadre qui dépasse la famille, n'est pas du tout évident. Déjà dans l'enceinte même d'une famille, on ne retrouve plus cette tradition et il est difficile de croire qu'il serait possible de la développer dans les espaces publics. Pourtant, Seddik Mahi en a fait un métier. Il est tout simplement un conteur professionnel. Qu'est-ce qui est positif pour l'enfant: écouter un conte, regarder un film ou des dessins animés? Seddik Mahi répond qu'avec le conte, il y a une liberté de création: «C'est l'enfant qui conçoit les images dans sa tête. Ce n'est pas le cas dans les bandes dessinées ou dans les dessins animés.» Selon notre interlocuteur, le conte permet de libérer l'imaginaire de l'enfant d'une façon extraordinaire. Selon les conditions d'écoute, le conte peut durer de dix minutes jusqu'à une heure. «A l'université de Sidi Bel Abbès, j'ai présenté un spectacle qui a duré trois heures car il y avait d'excellentes conditions d'écoute», précise Seddik Mahi. Comment ce dernier a-t-il pu accéder à cette passion et à cet art? Il répond qu'il y a une vingtaine d'années, il se promenait dans sa ville natale, Sidi Bel Abbès. Une fois arrivé devant une librairie, il remarqua un livre. Il s'agissait de Machaho, telem chaho de Mouloud Mammeri. Il achèta le livre. Le soir même, il commença sa lecture mais dès les premières lignes, il prit un stylo et traduisit tout vers l'arabe dialectal. «C'était tellement passionnant pour moi que je ne pouvais pas attendre», se souvient-il. Mais en lisant, il constatait que les même contes lui avaient été racontés dans son enfance par sa regrettée mère. A quelques différences près, il s'agissait des mêmes histoires. Sa curiosité n'a fait que s'attiser. Une carrière de conteur est née à partir d'une simple rencontre avec un livre riche et un auteur talentueux. A Tizi Ouzou, Seddik Mahi a produit plusieurs spectacles devant des enfants et des adultes notamment à la Maison de la culture et à Sidi Naâmane.