La crise financière devrait toucher tous les secteurs, ont répliqué les syndicalistes. Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a présidé hier une réunion avec les syndicats du secteur au siège de son département. Une réunion qui a eu pour ordre du jour, la mise en place de commissions mixtes ministère-syndicats, chargées du projet relatif au régime indemnitaire. Lors de cette réunion, le ministre a expliqué de long en large, toute la procédure que devront suivre ces commissions pour aboutir à l'élaboration du premier document relatif au régime indemnitaire qui sera transmis au gouvernement. Un document qui devra prendre en considération les limites financières de l'Etat dans le contexte actuel de crise financière, selon M.Benbouzid. «S'agissant du régime indemnitaire, je n'ai aucun argument pour vous donner les lignes directrices (...) mais il faut aussi prendre en considération nos capacités financières limitées par la crise financière», a indiqué le ministre. A l'issue de cet exposé, plusieurs représentants syndicaux ont émis certaines réserves. «On a peur d'aboutir au même résultat que celui des statuts particuliers (...) on s'est réunis, on a travaillé, on a décidé, et à la fin, on a été surpris lorsque le statut a été publié», a lancé Seddi Shid, président de l'Unpef, au ministre. Alors que pour le coordinateur du Cnapest, Larbi Nouar, l'inquiétude réside dans le regroupement des syndicats qui, selon lui, pourrait nuire aux efforts déployés jusque-là et paralyser le travail d'élaboration de ce document. «Nous avons peur que les syndicats actifs soient ainsi noyés et que les travaux n'avancent pas», s'est-il inquiété. D'un avis plus tranché, le coordinateur a rebondi sur la partie concernant «les limites financières» évoquées par le ministre. «Le gouvernement déclare qu'il y a une crise financière, alors que pour les salaires des députés il n'y a pas de crise (...), il faut que cela s'applique à tout le monde et pas que pour les faibles» a-t-il souligné. Un avis partagé par Meziane Meriane du Snapest. «Il faut déterminer le rang social de l'enseignant pour déterminer le salaire (...) Si les députés sont payés à 330.000 dinars, pour l'enseignant le salaire doit être au moins de 50.000 dinars», a-t-il argumenté. Par ailleurs, et invités par le ministre à intervenir tour à tour, les représentants syndicaux ont présenté une esquisse de leurs revendications indemnitaires qui, au-delà des droits socioprofessionnels, ont été motivées par la détérioration constante du pouvoir d'achat. «Avec l'inflation galopante qui n'est plus maîtrisée dans le pays, on retrouve un pouvoir d'achat qui est de plus en plus érodé, (...) on retrouve des enseignants qui ne peuvent même pas assurer leurs dépenses 20 jours par mois, qui sont obligés de faire des crédits chez les commerçants», ont-il lancé. Pour ces raisons, ils ont appelé à la revalorisation des primes qui, selon eux, doivent être variables compte tenu du pouvoir d'achat, et calculées sur le nouveau salaire de base, mais aussi l'élaboration d'un régime indemnitaire qui soit au diapason des spécificités de chaque fonction du secteur. Par ailleurs, le ministre a évoqué, lors de cette rencontre, l'attribution des 4200 logements de fonction alloués par l'Etat au secteur de l'éducation pour faire face aux déficits pédagogiques dans le sud du pays. Ils sont destinés aux professeurs des wilayas du Nord partis au Sud enseigner trois matières principales que sont les mathématiques, la philosophie et le français afin de combler le déficit enregistré dans ces régions. Et pour cette opération, le département de Benbouzid procédera prochainement à une vaste campagne médiatique pour promouvoir cette opération afin d'attirer les professeurs désireux d'enseigner dans le Sud.