Ce test est loin d'être facile puisqu'il ne s'agit pas de faire une synthèse sur le secteur, mais de présenter un constat exhaustif de l'ancien et du nouveau programmes. Le mois sacré du Ramadhan s'annonce pénible pour le gouvernement. Le cycle des auditions sera relancé dès le début du mois sacré. Les 35 ministres seront convoqués à tour de rôle au palais d'El Mouradia pour rendre compte de leur secteur au premier magistrat du pays. C'est ce qu'a confié à L'Expression un membre du staff gouvernemental. «Chaque secteur va présenter un bilan détaillé sur des réalisations engagées dans le programme quinquennal et une évaluation précise des projets inscrits dans le nouveau programme», a affirmé notre interlocuteur. Véritable corvée pour les membres de l'Exécutif. Ces derniers sont appelés à mettre les bouchées doubles pour être prêts au rendez-vous à la mi-août. «Nous sommes en plein chantier pour traduire le programme du Président en plan d'action adopté par le Parlement.» Ces propos du ministre laissent déduire que le gouvernement est sous forte pression. Affaiblis par la campagne électorale et pris par le facteur temps, les ministres sont complètement dépassés. Ils sont appelés à finaliser leurs dossiers avant le départ en congé prévu de la fin juillet à mi-août. Ainsi, dès son retour de congé, l'équipe Ouyahia sera soumise à l'exercice. Ce test est loin d'être facile puisqu'il ne s'agit pas de faire seulement une synthèse sur le secteur, mais de présenter un constat exhaustif avec des chiffres bien précis. Les ministres ont un double exercice: exposer les derniers résultats du précédent quinquennat et établir une liste des projets prioritaires avec estimation financière au centime près. Certes, les ministres sont rompus à ce genre d'épreuves mais cette fois-ci, ils n'ont plus droit à l'erreur. La ponctualité et l'exactitude dans l'évaluation des projets sont les maîtres mots du Président. Le chef de l'Etat veut faire vite et bien. «Les retards ne seront plus tolérés dans l'exécution des projets», a-t-il martelé à plusieurs reprises lors de sa campagne électorale. Les dépenses sont un autre détail sur lequel le Président ne fermera pas les yeux cette fois-ci. Fini les budgets faramineux débloqués à mi-chemin. Aucun sou ne sortira, dorénavant. «Nous avons établi une liste bien détaillée des projets que nous avons remis au gouvernement», nous a confié un membre du staff de l'Exécutif. Ce dernier avance que le Président veut mener une sérieuse bataille sur les dépenses de l'Etat. «La gestion des budgets ne sera plus comme avant», a-t-il encore précisé. Et le temps des vaches grasses est fini. Les experts en majoration des factures ne pourront plus se remplir les poches. Il n'est un secret pour personne que les fausses déclarations des montants de bons d'achat étaient à l'origine de la dilapidation de milliards de dinars. Sachant que ces pratiques sont devenues monnaie courante dans les transactions publiques, le Président veut s'attaquer au mal dès le début de son nouveau mandat. Le programme de 150 milliards de dollars d'investissements pour les cinq prochaines années, sera réparti au compte-gouttes à travers les différents secteurs d'activité. Lors de la présentation du Plan d'action du gouvernement, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a déclaré que le Président avait donné instruction portant obligation d'élaborer des études d'évaluation sur chaque projet avant de répartir le budget. «Si nous n'avons pas présenté un bilan détaillé sur la gestion du budget c'est parce que nous n'avons pas encore finalisé la comptabilité», a expliqué le chef du gouvernement aux parlementaires qui s'interrogeaient sur la gestion de cet argent. «Il est impossible de finaliser la comptabilité du programme en 30 jours», a-t-il reconnu. M.Ouyahia a même rassuré les députés sur la possibilité de contrôler l'action du gouvernement et de surveiller ses dépenses. Le gouvernement va présenter chaque année un bilan détaillé de son action. Par ailleurs, et à l'instar du Plan d'action, le gouvernement est appelé à gérer plusieurs dossiers, en premier lieu la menace de la grippe porcine, l'événement du 2e Festival panafricain qui se déroulera à Alger du 4 au 20 juillet. De plus, les ministres commencent à se préparer pour le mois du Ramadhan et la prochaine rentrée sociale. «Nous sommes en train de traiter les dossiers de la rentrée sociale», confie un autre membre du gouvernement. L'équipe Ouyahia qui a été reconduite après l'élection présidentielle, sera-t-elle à la hauteur de la tâche? Le défi paraît difficile.