Les Ghilizanis nous ont offert une comédie burlesque à la fois éloquente et humoristique. La 42e édition du Festival national du théâtre amateur a prouvé une fois encore que les amateurs sont un réservoir à ne pas négliger. Et ce, en prenant à coeur leur passion avec des productions ou des adaptations, tout en prenant en compte les maux sociaux. Car l'évolution actuelle de notre société éveille en chacun bien des inquiétudes. Comment rester lucide tout en évitant d'émettre des jugements négatifs sur ce monde, jugements qui n'aboutissent qu'à alimenter une violence ou une injustice déjà tellement présentes? Nous pouvons décrire cette évolution culturelle de façon fort diverse. Ces approches sont indispensables pour la cerner avec une certaine objectivité. Tel est le principe de ces troupes de théâtre amateur présentes à cet événement, à l'instar du MT Koléa, sous la houlette de l'infatigable metteur en scène, Youcef Taâouint. Les amateurs du 4e art ont été conviés jeudi dernier à assister à la représentation intitulée El Haïla (la Fabuleuse), adaptée d'une oeuvre de Pavolweith Tolikov, et remarquablement interprétée par les jeunes comédiens, qui ont épaté l'assistance, et qui semblaient très à l'aise pour dévoiler leurs capacités qui nécessitent encore plus d'égards. Cette manifestation qui est organisée par le commissariat du festival en collaboration avec le ministère de la Culture, s'inscrit dans le cadre du Festival panafricain prévu du 5 au 25 juillet prochain à Alger et de la manifestation «El Qods, capitale de la culture arabe». Quant à la troupe Mohamed Touri de Blida, sa participation n'est pas des moindres avec El Houlm Adayaâ, de Laâbad El Hakim Bouziane. La troupe Gouala de Ghilizane, quant à elle revient avec la pièce El Menfi (L'Exilé), de Mohamed Rouabhi, adaptée est mise en scène par Abed. Cette représentation est inspirée par les littératures algérienne et persane et plus particulièrement par les pérégrinations de Djeha, personnage mythique du Maghreb et du Bassin méditerranéen, L'un des plus populaires de la littérature orale. Les histoires de Djeha amoureux de la vie et de la liberté, font les délices des enfants et des plus grands depuis des millénaires et nous invitent à pénétrer dans l'imaginaire de la société algérienne. Les Ghilizanis, nous ont offert une comédie burlesque à la fois éloquente et humoristique, accompagnée par la musique traditionnelle algérienne, ponctuée par des chants et des expressions du terroir. L'effacement des lieux de la tragédie procure une impression d'étrangeté. L'Algérie, longtemps interdite, puisque la diversité consistante du réel fait défaut, il sera bien difficile de partager l'expérience sensorielle de cette situation. Pour mieux cerner ce qui bouillonne dans notre société actuelle, nous devons nous mettre à l'écoute des artistes, leurs créations qui marquent notre société et qui touchent toute l'humanité, avec sa violence et son injustice si présentes, d'un réveil qui interroge bien des situations.
