L'ex-golden-boy a 14 jours pour introduire un recours à la Cour suprême qui examinera la forme et non le fond du dossier. D'habitude très peu prolixe sur le dossier Khalifa, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, s'est livré volontiers au jeu des questions-réponses avec les journalistes. «Nos assurances ont convaincu la justice britannique et c'est une victoire pour la justice algérienne», a déclaré hier le ministre de la Justice en marge d'une séance en plénière à la chambre basse du Parlement. C'est la première lecture faite par le gouvernement de la décision du tribunal de Westminster d'extrader vers Alger l'ex-golden boy Abdelmoumène Khalifa. Apostrophé par la presse sur ce verdict tombé jeudi, il commencera par rappeler qu'il «n'a jamais commenté une décision émanant de la justice que ce soit en Algérie ou ailleurs et quelles que soient les parties en conflit», avant de livrer ses sentiments. M.Belaïz exprimera d'abord la confiance totale qu'il a toujours portée à la Justice britannique. «L'appareil judiciaire puise sa réputation dans l'histoire. Il est connu pour sa crédibilité et sa totale transparence. Et, bien évidemment, nous n'avions jamais douté de son indépendance.» Mais ce qui semble réconforter le plus les autorités algériennes c'est la symbolique du verdict. Au-delà du fait que le tribunal de Westminster a déclaré recevable la demande d'extradition transmise par les autorités algériennes à la fin de l'année 2007, Belaïz assimile le verdict à «un certificat de reconnaissance par excellence» de la justice algérienne par la justice britannique. La victoire judiciaire est en train de prendre un aspect proprement politique. «La justice a reconnu que la partie algérienne a fourni des assurances pour que le procès du golden boy soit équitable», précise le ministre de la Justice. Mais plus important que cet engagement est le rejet par le juge des arguments politiques soulevés par la défense de Khalifa suivant les rapports de la presse qui ont suivi la séance de jeudi. Le tribunal a mis en relief le fait que l'Algérie s'est engagée aussi à annuler le verdict prononcé par le tribunal de Blida, lequel a condamné le milliardaire algérien à la réclusion à perpétuité. En fait, il faut savoir que la justice n'a pas d'autre choix sachant que la peine a été prononcée par contumace. Et dans ce cas, les juristes affirment que «quand le condamné se présente à la barre, il a le droit à un autre procès. La présente condamnation ne sera pas prise en considération». Khalifa sera donc rejugé pour association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds et faux et usage de faux. Par ailleurs, le juge estime qu'il n'y a aucune preuve permettant d'affirmer que Khalifa avait été victime d'un règlement de comptes politique impliquant les plus hautes autorités de l'Etat, dont le Président Abdelaziz Bouteflika. À ses yeux, la thèse du complot avancée par les avocats du milliardaire déchu ne constitue pas un argument valable. «La demande de son extradition (Khalifa, Ndlr) vers l'Algérie n'est pas motivée par l'intention de le sanctionner pour ses opinions politiques», a expliqué le juge. De même, il a réfuté les allégations selon lesquelles l'ex-golden boy pourrait faire l'objet de maltraitance ou être menacé de liquidation, suite à son transfert. Rappelons que des ONG internationales se sont déclarées contre l'extradition de Khalifa et avant lui des prisonniers de Guantanamo et des terroristes activant à l'étranger sous prétexte qu'ils seront maltraités dans leurs pays respectifs. L'Algérie pourra désormais utiliser ce verdict comme «une pièce à conviction» dans d'autres dossiers. Quand sera transféré Abdelmoumène Khalifa? Belaïz ne détient pas d'éléments de réponse mais il laissera entendre que la décision ne saurait tarder: «Le ministre de l'Intérieur transmettra ces jours-ci le verdict écrit au concerné. Celui-là a entre les mains un délai de 14 jours pour présenter un recours à la Cour suprême anglaise.» La Cour suprême, remarquera Belaïz, «examinera la forme du dossier et non le fond». «A priori le verdict sera soutenu, sauf en cas d'élément nouveau...» M.Belaïz conclura en informant les journalistes que «rares sont les demandes d'extradition acceptées par la justice britannique».