Les glissières d'autoroutes mises en place ces temps-ci ne répondent pas aux normes de sécurité. Depuis quelques semaines, de nombreux chantiers ont été ouverts au niveau des autoroutes du pays. Des glissières d'autoroutes sont en train d'être soit changées, soit mises en place au niveau de la Nationale 5 à hauteur de Hussein Dey, et au niveau de l'autoroute de l'Ouest, de Chéraga jusqu'à Koléa. La longueur de ces chantiers est de plusieurs dizaines de kilomètres. Elle concerne certaines routes les plus dangereuses de la capitale, celles qui causent le plus d'accidents mortels, selon les statistiques. On croit savoir que des chantiers similaires existent dans plus de 20 autres wilayas. Tous les chantiers, apprend-on, ont été «accaparés» par la même entreprise qui a décroché la quasi-intégralité des marchés étant «la moins disante». Sur le plan du respect du code des marchés, la chose est on ne peut plus normale. A ceci près, toutefois, que la baisse des prix de réalisation a dépassé toutes les limites de l'imagination, faisant soupçonner une arnaque aux spécialistes du secteur qui, tout de suite, ont senti qu'il y avait anguille sous roche. Ce qui étonne, en revanche, c'est que les techniciens au niveau des DTP n'aient pas soulevé la question avant que le pire n'advienne. Logiquement parlant, comme nous l'ont expliqué des spécialistes, il était impossible de satisfaire le cahier des charges avec de pareilles soumissions même en réduisant à néant la marge bénéficiaire et en évitant soigneusement de s'acquitter des charges sociales. Le seul fournisseur de glissières de sécurité est la société nationale Anabib. Impossible, donc, de jouer théoriquement sur le coût de revient de la matière première, si ce n'est avec une marge oscillant entre 10 et 15 %. La loi de l'offre et de la demande faisant loi dans ce genre de transactions, Anabib, se sachant seule sur le marché, n'a aucune raison de revoir à la baisse ses prix. L'entreprise soumissionnaire a pourtant réduit les prix de plus du quart en comparaison avec le soumissionnaire suivant. Rien que pour la capitale, a-t-on pu apprendre, le marché est de l'ordre de quelque 3 milliards de centimes. De quoi faire saliver pas mal de bouches. De quoi privilégier, surtout, le travail peu soigné et les graves dangers encourus à cause de complicités devant forcément monter assez haut dans la hiérarchie étatique pour qu'aucune intervention ne vienne arrêter ce véritable massacre alors que nous croyons savoir que la sonnette d'alarme a été tirée plusieurs fois et à différents échelons décisionnels, en vain.