Patron d'une société spécialisée dans la réalisation d'ouvrages en béton extrudé et leader dans la mise en œuvre des glissières de sécurité type New Jersey de l'autoroute Est-Ouest, Lies Goumiri estime, dans cet entretien, que les entreprises algériennes publiques et privées doivent être associées à ce projet afin de leur permettre de se mettre à niveau et de croître. Définissez-nous les glissières de sécurité d'autoroutes ? Les glissières de sécurité ont pour objet de retenir les véhicules le long des voies rapides ou des autoroutes et sont placées soit sur la partie latérale, soit entre les deux chaussées d'une autoroute. Il existe actuellement plusieurs catégories de dispositifs de sécurité implantés le long des routes et autoroutes. Une première catégorie est celle des glissières ou rails de sécurité déformables en cas de choc qui sont constituées généralement de profilés métalliques. Une deuxième catégorie est celle des barrières de sécurité constituées par des murets en béton vibré et faiblement armé (New Jersey) qui ne subissent ni déformation ni déplacement lors du choc d'un véhicule. Les glissières de sécurité tentent de freiner un véhicule en perdition en absorbant son énergie cinétique. Les glissières en béton type New Jersey sont très efficaces pour éviter qu'un véhicule ne quitte accidentellement la route. A l'inverse, les glissières de sécurité métalliques ne peuvent freiner les véhicules et sont dangereuses pour les motocyclistes qui les heurtent. Les barrières de sécurité en béton sont un peu plus coûteuses (30 à 40% de plus) et les travaux de mise en place par coffrage glissant ne sont pas beaucoup plus longs, cependant elles ont une durée de vie de 50 ans plus longues que les métalliques. Récemment une polémique à été soulevée quant au choix du type de glissières à adopter sur l'autoroute Est-Ouest. Quel est votre point de vue ? Objectivement, j'approuve l'avis du ministre des Travaux publics, lorsqu'il justifie son choix sur l'aspect sécuritaire. En effet, regardons aujourd'hui ce qui se passe sur les tronçons existants. L'aspect et l'état des voies avec glissières métalliques de sécurité donnent un goût de désolation. Nous devons reconnaître qu'en l'état actuel des choses, la manière de conduire de certains automobilistes algériens, la diligence avec laquelle les autorités compétentes procèdent à la réfection des glissières métalliques défoncées, le manque de civisme de certains riverains qui s'ouvrent des accès sur l'autoroute par simple déboulonnage de lattes métalliques, le pillage, le danger de ces lames d'acier saillantes qui ont déjà charcuté tant de personnes sur ces voies, on ne peut qu'approuver cette sage décision. Leader du marché, comment votre société a-t-elle pu atteindre cet objectif ? Nous nous sommes intéressés au marché des ouvrages à coffrage glissant en septembre 2006 et avons démarré notre premier chantier en 2007. Aujourd'hui, nous sommes leaders du marché avec à notre actif, un linéaire global de plus de 200 km. Avant nous, les ouvrages se faisaient avec coffrage métallique de manière artisanale pour un linéaire de 50 m/jour et d'aspect irrégulier. Depuis, nous avons introduit les techniques du coffrage glissant qui étaient l'apanage des pays industrialisés. Il a fallu maîtriser la fabrication du béton extrudé d'une part et la mise en œuvre par machine à coffrage glissant d'autre part. Aujourd'hui, nous utilisons pour nos chantiers 7 machines avec un encadrement totalement algérien et réalisons des pointes de 800 ml/jour rivalisant avec les meilleures entreprises européennes. De plus, nous sommes la seule entreprise ayant réalisé, à ce jour, près de 100 km d'ouvrages extrudés d'assainissement (fossés trapézoïdaux, cunettes, fossés à bourrelets, etc.). Mais vous sous-traitez toujours pour des entreprises... Effectivement. Nous sommes sous-traitants d'entreprises algériennes et étrangères qui réalisent divers tronçons d'autoroutes Est-Ouest à l'instar de Altro, Engcb, Cosider TP, Etrhb-Haddad, Teixeira-Duarte, Citic-Crcc, Cojaal…Nous contribuons ainsi à la réalisation de l'autoroute Est-Ouest sans être nommément cités, mais notre contribution est loin d'être négligeable. Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience ? Je souhaite que l'Etat algérien associe davantage les entreprises algériennes publiques et privées à ce mégaprojet pour leur permettre de se mettre à niveau, de croître et de leur donner la chance de prouver ce dont elles sont capables. Notre entreprise a créé 150 emplois permanents en 12 mois et investi 1 million d'euros. L'autoroute Est-Ouest va entraîner dans son sillage des centaines de PME sous-traitantes comme nous, qui devront entretenir un rythme soutenu. A la demande des autorités locales, l'ANA, ou de l'entrepreneur principal, il nous a été demandé de travailler 7 jours sur 7 de jour comme de nuit pour achever des segments à livrer. Mais qui a dit que les algériens ne sont pas performants ?