La société Tube Profil (spa), filiale du groupe Anabib spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de tubes, tôles et profilés en acier, l'un des principaux fournisseurs du projet en matière de glissières métalliques de sécurité routière, semble faire les frais d'une décision prise par le ministère des Travaux publics. Laquelle décision fait état du remplacement des glissières métalliques prévues tout au long de l'autoroute Est-Ouest par des barrières en béton armé. C'est ce qui ressort d'un rapport effectué par des experts qui se trouve actuellement sur la table du gouvernement, affirme une source proche du dossier. Cette décision a entraîné l'arrêt de la production au niveau de l'unité Tube Profil (spa), filiale du groupe Anabib, après lui avoir signifié la résiliation de deux de ses plus gros contrats dans le cadre du lot Est (autoroute Bordj Bou-Arréridj-El Tarf) sur un linéaire de 530 km pour la première tranche. Le coût de ce marché est estimé à 2 milliards de dinars. Du coup, ce sont près de 530 travailleurs qui se retrouvent au chômage et 70 autres agents engagés en CDD ont vu leur contrat résilié. Selon une source syndicale de l'entreprise, plus de 150 milliards de centimes dont 80 milliards ont été investis pour l'importation de la matière première, les bobines d'acier pour la fabrication des glissières. La même source ajoutera que la filiale d'Anabib a dû renoncer à des contrats antérieurs passés avec d'autres entreprises pour se consacrer exclusivement au projet de l'autoroute Est-Ouest. “Les glissières de sécurité métalliques que nous produisons sont certifiées et conformes aux normes internationales. Et elles sont même recommandées par le bureau d'études français qui a travaillé sur le projet de l'autoroute Est-Ouest”, ajoute notre source. Pour l'argument avancé par le ministère des Travaux publics, ces barrières en béton armé, qui équiperont l'autoroute, ne vont pas engendrer un surcoût financier important et seraient beaucoup plus avantageuses en matière de sécurité routière. L'argument du département d'Amar Ghoul est fondé sur le renforcement de la sécurité routière. Ceux qui défendent le projet en mettant en place des glissières métalliques insistent sur le gaspillage de ciment, des quantités importantes de béton et de ferraillage pour la réalisation des barrières en béton. Ces dernières diminueront, d'une part, les disponibilités de béton et de fer pour les autres chantiers. Et le coût de revient serait estimé, dit-on, à plus de 26 milliards. Pour ce qui est de la sécurité, ce genre de barrière en béton sur une autoroute causera, selon des spécialistes, beaucoup d'inconvénients, entre autres, la non-possibilité d'élargissement de la chaussée, l'imperméabilité de l'eau, l'amoncellement de la neige... Notons, enfin, que ce type de barrière en béton a accentué la crise du ciment. Selon les spécialistes, la quantité qui servira à la clôture de sécurité de l'autoroute pourrait servir à construire des milliers de logements. Le deuxième point relevé dans ce rapport, et non des moindres, concerne la qualité du grillage de protection qui, selon les spécialistes, ne répond à aucune norme internationale et qui est facturé à 5 000,00 dinars le mètre linéaire. Cependant, ce genre de grillage, importé de Chine, ne dépasse pas 1 000,00 DA sur le marché. Ce qui nous ramène à un coût total de 120 millions d'euros pour une clôture posée sur 2 432 kilomètres.