Le président de la Fédération du Btph a dressé un tableau noir de la situation qui règne dans le secteur. «Le bâtiment va mal à Béjaïa.» C'est le constat auquel sont parvenus les opérateurs et promoteurs immobiliers à l'issue de leur assemblée générale du mercredi dernier l'après-midi, et sanctionnée par une déclaration dont le moins que l'on puisse dire explique l'état des lieux et met à nu des pratiques qui font qu'aujourd'hui ces opérateurs ne savent plus à quel saint se vouer. Les bâtisseurs de la wilaya de Béjaïa, affiliés à la Fédération du Btph, ne veulent plus être le dindon de la farce. Bien que la mobilisation n'était pas au rendez-vous, le peu d'opérateurs et de promoteurs qui ont répondu présent à la convocation du bureau de la Fédération du bâtiment et des travaux publics et hydrauliques ont passé en revue la situation du secteur de leur activité. En présence du président de la CAP, Djamel Azoug, des représentants de l'APW et de l'administration de la wilaya, les participants se sont longuement exprimés sur la situation du secteur. Chacun y allait à sa manière pour mettre en exergue les difficultés et les entraves rencontrées par les entreprises. «Le bâtiment va mal à Béjaïa.». Cette phrase revenait comme un leitmotiv. Elle fut la conclusion de toute intervention a contrario de «quand le bâtiment va bien tout va bien». A Béjaïa s'est le contraire qui se produit comme en témoignent les bâtisseurs, dont les chantiers sont, soit à l'arrêt soit non rentables. A l'ouverture de la séance, le président de la CAP fera un exposé des différentes démarches entreprises afin d'alléger un tant soit peut la souffrances des opérateurs. Les rencontres avec les élus et l'administration ont été évoquées dans ce sens. De son côté, le président de la Fédération Btph a, d'emblée, dressé un tableau noir quant à la situation qui règne dans le secteur des travaux publics et du bâtiment. M.Kamel Louiba a mis l'accent sur les préoccupations de l'heure, approuvé au demeurant par les nombreux intervenants qui lui ont succédé. La délocalisation de la Cacobatph (Caisse nationale des congés payés et du chômage et intempéries des secteurs du BTP et de l'hydraulique) qui s'est traduite par l'ouverture d'un simple bureau, selon l'intervenant, outre son installation non appropriée au sein de la Casnos, ne disposant d'ailleurs que d'une salle exiguë et inadaptée pour y recevoir plus de 2000 adhérents du bâtiment. Le Btph non satisfait de ces conditions aurait souhaité une antenne plus spacieuse. Par ailleurs, les intervenants se disent surpris du projet du rattachement de l'agence à celle de Tizi Ouzou. La récente création de l'antenne de Béjaïa n'agrée donc pas les adhérents qui se sont longtemps plaints d'insuffisances liées, notamment à leur prise en charge dans des conditions inadéquates mais aussi à son rattachement à la wilaya de Tizi Ouzou, qui reste, à leurs yeux, «énigmatique». Le président de la Fédération du Btph a rappelé la lettre adressée dans ce sens à la direction nationale de la Caisse. L'entreprise de commercialisation de ciment de l'Est (Erce) est la seconde préoccupation soulevée. Tour à tour, les opérateurs ont indiqué que «leur quota de ciment est réduit de plus que la moitié». Justement, le ciment! voilà le handicap de l'heure. Des 160 tonnes livrées à chaque opérateur tous les 15 jours, on est passé à seulement 40 tonnes par mois. Une réduction draconienne qui s'est traduite par l'impossible respect des délais de réalisation voire l'arrêt des chantiers et des mises en chômage forcées de centaines d'ouvriers. «Sans l'implication des pouvoirs publics par la mise en place d'un dispositif de contrôle à la source, la situation n'évoluera pas de si tôt», soutenait le président de la fédération, M.Kamel Louiba, qui rappelle l'engagement pris dans ce sens par le ministre de tutelle en 2008. Une bonne nouvelle cependant: 3000 tonnes de ciment importées seront bientôt réceptionnées au port de Béjaïa. «C'est le quota réservé à l'Erce qui regroupe les trois wilayas (Sétif, BBA et Béjaïa.» «Un quai qui a été réservé à l'effet de recevoir la marchandise», indiquait hier le président du Btph joint hier par téléphone. Une mesure qui ne peut soulager les opérateurs que temporairement, a-t-on tenu à préciser. «L'hostilité de la machine bureaucratique de l'administration» n'était pas en reste, puisque les intervenants ont, dans leur majorité, dénoncé «certaines pratiques nuisibles à leur activité et à l'économie nationale et contraires à la réglementation en vigueur». L'exemple de l'attribution des marchés sans ordre de service (ODS) est revenu souvent à côté de l'imposition des délais pour des marchés de grande envergure et les multiples avenants induits essentiellement par la sous-quantification, et les travaux imprévus dans le marché atteignant parfois 35% du coût initial. Ces points irritent les bâtisseurs. A ce titre, les participants à l'assemblée générale ont préconisé «la remise de tous les documents officiels du projet avant son entame, dont l'ordre de service (ODS)». Des documents sans lesquels «aucune assurance ne peut être contractée, le matériel non sécurisé, aucun délai ne peut être respecté et qu'aucune facture ne peut être établie», explique-t-on encore. Les pratiques «d'ingérence» de la direction du logement et des équipements publics (Dlep) dans la réalisation des projets de logements sociaux participatifs ont fait l'objet de dénonciation. Les participants à cette assemblée générale rejoignent à tout point de vue le président de la fédération lorsqu'il a dénoncé «le peu de considération accordée au cadre organisationnel, qui reste pourtant un outil en mesure d'apporter des solutions aux multiples problèmes que vit le secteur».