La quantité saisie cette année représente une hausse de plus de 32.000 kg par rapport à l'année dernière. L'Algérie est-elle en train de devenir un pays de transit des stupéfiants? Tout porte à le croire. D'autant plus que plus de 42.380.135 kg de résine de cannabis ont été récupérés durant le premier semestre de cette année. Cela représente une hausse de plus de 32.000 kg, soit 318%, par rapport à la quantité récupérée à la même période de l'année précédente. Plus que cela, la quantité de psychotropes récupérée, plus de 18.720 comprimés, a évolué de 580%. Au premier semestre de l'exercice précédent, seulement 2974 comprimés ont été retrouvés. «Il y a certainement une hausse importante du trafic de stupéfiants. Cependant, il y a lieu de signaler que seulement 27 kg de cette substance étaient destinés à la consommation locale», a indiqué, hier, le colonel Djamel Zeghida, chef de la division de la police judiciaire au sein du commandement de la gendarmerie. Animant un point de presse au siège du commandement à Chéraga, Alger, le colonel Zeghida a tenu à mettre les points sur les «i» concernant une question importante. Selon l'officier, «l'Algérie est certes devenue un pays de transit du kif, mais elle est loin de devenir le pays de consommation que l'on a, malheureusement, décrit». Le produit prohibé qui provient en grande quantité du Maroc transite par l'Algérie pour être livré aux pays de l'Est, via la Tunisie et la Libye. En parallèle, l'approvisionnement du marché européen est effectué par la Méditerranée. Cela s'appelle l'Axe du nord. Pour cette année, 11% de la marchandise interdite a emprunté cette voie. Ainsi, 7,5 tonnes de kif traité ont été saisies sur cet axe contre 2,8 tonnes retrouvées l'année dernière. Cela dit, le renforcement des unités frontalières de la gendarmerie a poussé les narcotrafiquants à chercher d'autres moyens d'acheminement de leur substance. «Traqués par les services de sécurité, notamment par les unités de la gendarmerie, les narcotrafiquants ont opté pour une autre voie, celle de la mer». Vérification par les chiffres: Cette année, pas moins de 4,720.272 tonnes de kif traité ont été découvertes sur nos plages. Cela représente une hausse de 4,420.992 tonnes par rapport à la quantité saisie en 2008, avec cette année, seulement 299,28 kg de résine de cannabis. Une autre voie, celle du Sahel. Par cet axe, les narcotrafiquants introduisent des quantités importantes de drogue via les frontières sud du pays. Cette activité illicite est facilitée par la dissémination des groupes de contrebande qui hantent les zones frontalières du Mali, du Niger et de l'Algérie. A propos de la contrebande, la gendarmerie a saisi 248,512 tonnes de produits alimentaires, 46.006 articles d'effets vestimentaires et 340 véhicules. Ces chiffres représentent une baisse qui varie entre 15% et 76% par rapport au premier semestre de l'année dernière. A l'inverse, la vente frauduleuse du cheptel, de la boisson alcoolisée et du carburant a connu une hausse inquiétante allant de 21% à 180%. Durant le premier semestre de cette année, la gendarmerie a récupéré 2406 têtes de cheptel, 6150 bouteilles de boissons alcoolisées, 742,757 litres de carburant, 560 054 paquets de cigarettes. L'enchevêtrement des activités des contrebandiers et des narcotrafiquants rend ardue la lutte contre la drogue. D'autant plus que la position géographique de l'Algérie fait d'elle un pays pivot dans le commerce illicite. Aussi, l'Algérie représente le tremplin par lequel transitent les immigrants clandestins dont la plupart visent à gagner l'Europe illégalement. A ce titre, le colonel Zeghida a affirmé: «L'immigration clandestine est un facteur de déstabilisation de la sécurité de la société.» Explication donnée par l'officier: «L'immigrant clandestin s'introduit dans le pays en enfreignant la loi. Pour ce faire, il procède à la falsification des documents d'identité. En plus de cela, le concerné apporte avec lui de la drogue dure (l'héroïne) pour subvenir à ses besoins durant son séjour en Algérie.» Aussi, l'immigrant clandestin s'adonne à d'autres activités criminelles. Rien que le premier trimestre de ce mois, les statistiques de la gendarmerie font état de l'arrestation de 111 étrangers impliqués dans des crimes organisés. Ainsi, 17 personnes sont impliquées dans le trafic de stupéfiants, 32 dans la contrebande et 62 dans la falsification de documents.