C'est une initiative qui a trouvé une large audience au sein de la société qui ne cesse de demander sa rediffusion, selon M.Lamrani. A peine vient-elle d'être lancée, la Chaîne 4, télévision algérienne en langue amazighe, commence à gagner de plus en plus de téléspectateurs. Cela, grâce à la qualité des programmes diffusés qui trouvent une large audience au sein de la société. La semaine passée, cette chaîne s'est distinguée en diffusant une émission consacrée aux événements de Berriane dans la wilaya de Ghardaïa. Il s'agit d'une émission pas comme les autres. Sa particularité est le fait qu'elle n'a pas traité les événements d'une manière habituelle, c'est-à-dire raconter et rapporter ce qui s'est passé. Mais les responsables de cette chaîne, à leur tête le directeur M.Lamrani Saïd, ont pris l'initiative de «réconcilier» les parties en conflit, en l'occurrence les Mozabites et les Arabes. Le principe de l'émission a été beaucoup apprécié par non seulement les habitants de Berriane, mais par ceux qui avaient suivi l'émission. En fait, sur un plateau au décor naturel, dans cette même localité, la Chaîne 4 a diffusé un face-à-face des leaders de chaque partie. M.Mehdi Brahim, chef des Malékites et M.Daoud Bourkiba, représentant et chef des Mozabites sont revenus sur les origines de la crise et surtout sur les solutions pour en sortir. S'exprimant tantôt en arabe, tantôt en mozabite, les deux chefs en compagnie du journaliste de la région, M.B.Belkacem, ont fait passer un message aux citoyens des deux tribus dans lequel ils confirment qu'une «nouvelle page est, désormais, ouverte entre les deux populations». Revenant sur les raisons de la fitna, Mehdi Ibrahim souligne que «des inconnus ont réussi à mettre Berriane en feu. Mais, je suis sûr qu'ils sont des courtiers et des commerçants de la violence. Aujourd'hui, nos jeunes sont conscients que la fitna n'arrange personne et ils sont décidés, d'ailleurs ils non pas le choix, à mettre la main dans la main pour construire Berriane et l'Algérie». Un avis partagé par le représentant mozabite qui a confirmé, à son tour, que la page du conflit est complètement enterrée et qu'une nouvelle page de bonheur est ouverte pour Berriane. «Je dirai, même si des martyrs sont tombés, que nous avons réussi à faire de notre malheur un bonheur. Pourquoi? Cela confirme que notre société est fragile. Elle n'arrive pas à s'adapter aux exigences de la mondialisation. Et les événements tragiques nous ont permis de revoir notre fraternité et nos liaisons sociales et religieuses». Les deux représentants ont dévoilé qu'ils mènent toujours un travail de proximité pour «enterrer définitivement» la langue de la haine et semer les graines de la confiance, de la fraternité et de la cohabitation pacifique. Des festivités culturelles et sportives sont organisées par les deux parties pour permettre aux uns et aux autres de se rapprocher comme ce fut le cas à une certaine époque et durant des années. Ils ont relevé, également, comme signe d'apaisement, que des enfants Malékites et Mozabites poursuivent leurs études au sein des mêmes établissements scolaires, sans enregistrer aucun dépassement de part et d'autre. Environ 20 assemblées ont été organisées en 5 mois dans le but de sensibiliser les deux populations à surmonter la crise et se consacrer à la construction de Berriane et redonner confiance à ses habitants. Dans le même sillage, les deux chefs lancent un appel aux responsables de l'Etat afin d'aider cette localité en lui consacrant des projets de développement qui redonneront confiance à la jeunesse. En fin d'émission, les invités de la Chaîne 4 se sont séparés en affichant une grande confiance et un optimisme où le conflit n'est qu'un mauvais souvenir et la hache de guerre complètement enterrée. M.Lamrani explique cette initiative par des mots concis et directs: «Nous inscrivons notre démarche dans celle du président de la République qui vise à réconcilier les enfants de la même patrie qui est l'Algérie. Je voulais faire cela», a-t-il déclaré à L'Expression.