«Une réflexion basée sur l'épistémologie est plus que nécessaire», a estimé M. Brahim Noual, commissaire du Festival international. «Théâtre africain: entre modernité et authenticité», tel est le thème du Colloque international du théâtre, initié par la ladite institution dans le cadre du Panaf 2009. Ce rendez-vous culturel et scientifique a été ouvert hier mardi à l'Ists, par M.Brahim Noual, commissaire du Festival international en présence de penseurs, d'écrivains du Maghreb, des Antilles et d'Afrique noire. Il a pour objectif de se pencher sur la problématique du théâtre africain dans une approche anthropologique et ethnologique africaine, loin de tout ethnocentrisme occidental. Cette rencontre, qui verra l'intervention de penseurs et de spécialistes, vise aussi à mettre en lumière le théâtre africain avec toutes ses spécificités. «Oralité et conte dans le théâtre africain» est le thème principal de cette première journée. Ainsi le Dr Mennour (Algérie) a présenté sa communication intitulée «La tragédie du roi Christophe» d'Aimé Césaire: «entre tradition théâtrale classique et héritage oral» Pr Bosson Aney Clément, de la Côte d'Ivoire, a donné la réplique avec «Quelle oralité pour quel conte? Le cas de la Côte d'Ivoire». Le Pr Elsir Mohamed du Soudan a présenté «Le conte populaire dans le théâtre du Soudan», et le Dr Hadj Meliani, «L'expérience orale dans le théâtre maghrébin». Quant à la princesse Rabiatou Njoya, du Cameroun, elle a présenté «Sur l'oralité africaine». «Le théâtre tunisien» (El Lazima), a été la communication du Dr Hafidh Eldjidi. Cette première journée a été clôturée par le Pr Albert Ouedraogo avec «La tradition orale au Burkina Faso». Le commissaire du festival a rappelé, lors de son intervention, que «l'Afrique, tout au long de son parcours, a toujours été la source du cérémonial et le théâtre est l'élément essentiel des expressions multiples des sociétés africaines». Aujourd'hui, «la théatrologie est appréciée pour ses contributions à l'analyse sociale...les différentes pistes qu'elle développe lui ont permis d'entrer dans la sphère des sciences humaines comme actant et modérateur», a-t-il précisé. Au-delà de la conviction d'une passerelle, rassemblant différents champs disciplinaires se ralliant à ce Prodi théâtral «il s'agit pour nous d'analyser les positionnements culturels du 4e art, comme art majeur», a-t-il précisé. Et d'enchainer que «notre posture identitaire, loin de l'aliénation et l'ethnocentrisme occidental, doit nous permettre de nous interroger ou de nous réinterroger sur le patrimoine théâtral dans le continent, une réflexion basée sur l'épistémologie est plus que nécessaire». Il a estimé que «notre détermination a donné tous les moyens pour que le discours des connaissances ait un socle dans la relation de l'étude expérimentale. Analyser les éléments du passé est l'une des conditions de la redécouverte, de la reconstruction d'un théâtre qui est avec son environnement et son époque, la fondation d'un laboratoire de recherche pour aboutir à une école africaine est plus que nécessaire». Pour le commissaire du Festival international, il faut poser toutes les questions aujourd'hui, demain et après-demain pour chercher les outils les plus scientifiques, les plus idoines pour rendre compte de la particularité de notre art et de notre culture. L'enjeu de reconsidérer ce théâtre comme facteur déterminant dans la médiation culturelle loin de l'ethnocentrisme viscéral est plus que majeur. Lors de ces journées, les hommes de théâtre, universitaires et chercheurs du continent proposeront une terminologie propre à la tradition et la culture africaine, et définiront non seulement des pistes de recherche mais aussi une nouvelle méthodologie de travail. «En espérant que vos recommandations soient aussi fortes que notre amour pour le théâtre africain», a-t-il conclu.