Il faut reconnaître que le RND n'aura pas été apprécié par la population. Rien qu'à Béjaïa, le FFS gère près de 40 communes sur les 52 que compte la capitale des Hammadites, la dizaine restante revenant au RCD. La carte d'implantation de ces deux partis peut ainsi être aisément transposée au reste de la Kabylie. Ces deux partis, exerçant encore un ascendant certain sur la population kabyle - s'ils ont une quelconque ambition nationale - ont intérêt à ce que les choses se normalisent en Kabylie. Le parti d'Aït Ahmed, qui a boycotté les législatives, a vite fait de réaliser que ce fut là une erreur stratégique de sa part. Les prochaines locales seront, peut-être, une occasion pour lui de rattraper cette erreur de parcours sous peine de se voir disqualifié de la scène politique. Les principaux partis, à forte présence en Kabylie, ont donc intérêt à réinvestir le terrain s'ils veulent prétendre à une vocation nationale. Déjà, leur démission au niveau local ne peut qu'avoir des répercussions négatives sur le quotidien du citoyen livré à tous les vents. L'exemple de l'attentat à la bombe qui a endeuillé Tazmalt, pourtant jamais ciblée, y compris dans les années les plus meurtrières, outre qu'il suscite inquiétudes et interrogations, renseigne, s'il en est, sur le caractère dangereux de l'absence de toute organisation politique structurée de la Kabylie. à même de représenter la région dans les institutions de l'Etat. Le FLN, fort d'un score enviable réalisé au cours des dernières législatives, va certainement confirmer sa position de leader aux prochaines locales. Avec un discours moderniste, plus proche des préoccupations du citoyen, il aura en la commune un cheval de bataille tout désigné. En effet, la démocratie de proximité développée par le parti de Benflis aura pour instrument de choix l'APC. Gageons que le FLN sera très à l'aise dans sa prochaine campagne, avec théoriquement des candidats proches de la base et bardés de diplômes et avec en prime une composante jeune et dynamique rehaussée de l'élément féminin. Le RND, qui connaît une descente aux enfers, en dépit du retour d'Ouyahia aux affaires. - de 156 sièges à l'APN, ce parti n'en a aujourd'hui que 47- va certainement recevoir l'effet boomerang de sa gestion chaotique des choses de la commune, avec les résultats que l'on sait : des dizaines d'élus en prison, scandales, dénonciations...Il faut reconnaître que le RND n'aura pas été apprécié par la population. Il ira donc en s'enfonçant dans un bilan pas à son avantage. Si l'on y ajoute les listes de candidature contestées, le profil du RND ne sera que peu reluisant. Si Ennahda de Lahbib Adami a pratiquement disparu de l'échiquier politique, le MSP de Mahfoud Nahnah fait, lui, preuve de combativité et de persévérance. Puisque, au lendemain des résultats du scrutin du 30 mai, il a réuni à Boumerdès ses élus locaux sous l'intitulé «Le développement local dans la rencontre nationale des élus locaux». Pour mieux affûter ses armes, dégripper les rouages de la machine MSP et désigner les meilleurs gabarits pour les prochains combats. Mais le MSP, qui a eu à gérer des APC, a vu son aura quelque peu ternie face à la montée spectaculaire du MRN de Abdallah Djaballah. Le MSP tentera donc de redorer son blason en misant sur des dossiers d'importance vitale pour le citoyen tels que la protection sociale, la santé, le logement social, l'aménagement du territoire et les problèmes du foncier, les domaines et ce, en plus du budget de wilaya et la loi relative à la wilaya. Le MRN de Abdallah Djaballah, qui a, auparavant, annoncé sa non-participation au gouvernement actuel, laisse à penser à une razzia de voix aux prochaines locales dans son fief traditionnel: l'est du pays. Pour le reste, Washington, comme la plupart des capitales occidentales, nourrit l'espoir d'une fin prochaine de la tragédie sanglante que vit l'Algérie depuis dix ans. En outre, il exprime son soutien ferme au Président de la République et à ses initiatives visant à organiser la vie publique algérienne. Un soutien précieux qui conforte l'Algérie dans sa direction actuelle, une Algérie qui s'impatiente déjà à adhérer à l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Une adhésion qui se prononce déjà sous les meilleurs auspices, puisque pour les experts américains, l'«instabilité» algérienne est toute relative et même les émeutes de Kabylie, vues de Washington, «ressemblent à une poussée de fièvre sans grande gravité pour les équilibres du régime». C'est dire que si les acteurs politiques dans cette région du pays optent pour la non-participation, c'est tout simplement leur ghettoïsation qu'ils signeront.