Sous le thème «Tahar Djaout: fragments de l'itinéraire d'un exproprié et d'un vigile de l'Algérie qui avance», le Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa a abrité un colloque de deux jours sur l'oeuvre poétique, romanesque, littéraire et journalistique du briseur du silence. En effet, afin de remettre sous le feu des projecteurs l'homme et son oeuvre et en réponse quelque part à son interrogation: «Comment vêtir l'absence autrement que par les mots, à la présenter corps ou cadavre?», dans son livre L'invention du désert, les 8 et 9 juillet dernier, à l'initiative du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, un colloque en hommage à Tahar Djaout a été tenu en ressuscitant l'oeuvre globale du célèbre auteur de «le silence c'est la mort. Si tu parles tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors parle et meurs».A travers ce colloque, un grand hommage a été rendu à Tahar Djaout, l'écrivain journaliste, figure de proue de la résistance par la plume. Faut-il rappeler que Tahar Djaout a été assassiné par la horde obscurantiste devant son domicile à Alger, Aïn Benian, le 26 mai 1993, le premier sur une longue liste macabre à être assassiné parce qu'il entretenait un verbe subversif. Plusieurs thèmes et autres conférences sur l'oeuvre globale en général et les Vigiles, nouvelle adaptation théâtrale de Omar Fetmouche, en particulier ont fait l'objet l'objet de débats par les participants universitaires, français, espagnols et algériens «A chaque commémoration triste mais qui nous interpelle sur notre engagement, nous avons voulu rendre un hommage à l'écrivain-journaliste Tahar Djaout, figure de proue de la résistance par la plume. Djaout dérangeait par ses idées. Ces dernières sont en porte-à-faux avec celles que développaient ses détracteurs. Alors qu'il ne reste aucun souvenir de ses assassins, Djaout jouit aujourd'hui d'une renommée internationale. En voulant le faire taire à jamais, ils l'ont rendu plus orateur que jamais» ont déclaré les organisateurs du colloque. Dans la même lancée et sur la même longeur d'onde, l'initiateur du colloque et directeur du théâtre Malek-Bouguermouh nous déclare à cet effet: «Le colloque nous l'avons inscrit dans l'esprit d'une dynamique globale qui est celle de mettre en oeuvre un espace de coordination, de travail et de conjonction entre le théâtre et la critique universitaire. Deux ans après notre expérience avec le Fleuve détourné de Rachid Mimouni c'est la même chose qui se répète avec les Vigiles de Tahar Djaout. Après la lecture du texte, le montage de la pièce et du spectacle et enfin présenter la pièce théâtrale, et en prolongement de tout ça il fallait cette rencontre des universitaires qui se veut une autre lecture des Vigiles du point de vue critique littéraire et universitaire. En somme, une lecture précise qui doit répondre à la question de l'inscription des Vigiles dans l'oeuvre globale de Tahar Djaout.» Par ailleurs, après deux journées de travail très chargées en matière de communications et de débats, les participants ont eu droit à une visite guidée de la capitale des Hammadites et à la représentation de la pièce Les Vigiles, avec une adaptation et mise en scène par Omar Fetmouche à partir de 22 heures. Enfin, le vendredi matin, après un pèlerinage à sa ville natale Oulkhou, les participants se sont recueillis sur la tombe de Tahar Djaout.