Loin de tout idéal ou dogme, Mory Kanté a chanté la paix et la spiritualité de la culture africaine. «Un, deux et trois et c'est la fête africaine! Chantons tous ensemble la paix et l'Afrique!» scandait du haut de la scène Mory Kanté venu raconter son Afrique. Il est 20h ce samedi soir: le théâtre de verdure Hasni-Chakroune était déjà plein à craquer. Les services de sécurité, fortement mobilisés, avaient du mal à contenir la grande foule venue de tous les quartiers de la ville d'Oran et ses alentours immédiats: Mory Kanté était à l'affiche! Il est encore l'un des rares chanteurs qui continuent à sillonner le monde pour prôner la spiritualité, la paix et l'amour. Il ne va pas à contre-courant pour dénoncer la malvie et rendre hommage aux siens. Loin de tout idéal et dogme, le chanteur est venu réclamer la spiritualité de la culture africaine, son besoin de paix et le droit au bien-être des Africains et au monde entier. «La culture a une part de spiritualité, elle lie les peuples...» a-t-il prôné avant de se lancer dans un solo, berçant les présents sous les notes de la guitare sèche, accompagné par le saxophone. Alors qu'il était en pleine communion avec un public qui le rencontre pour la première fois, Mory Kanté est allé droit au but en invitant les présents à voyager dans les fins fonds de la divine Afrique et vivre le quotidien de ces Africains soucieux de réparation et d'égards et de justice. A l'une des pauses qu'il a marquées, il s'approche davantage du public et hausse le ton en incitant les peuples à s'aimer. Mory Kanté place la femme africaine au sommet de ses considérations et se met à sa place. «Rendons hommage aux femmes africaines...,à nos mères qui vont aux champs travailler durement et celles qui vont aux fontaines chercher de l'eau, enfants au dos...» a-t-il prêché. Le chanteur guinéen n'est pas venu en éclaireur pour tâter le terrain et jauger le degré de sa célébrité auprès du public algérien. Son parcours est profondément connu par les Algériens. Bien avant l'entame de son concert sans trac ni tic, Mory Kanté était sûr de lui. «Je vous fais confiance, nous allons tous crier et chanter ensemble» a-t-il lancé. C'est parti! Le «Kora Kora», cet instrument ancestral, est tout le secret de Kanté qui ne semble point être détaché de son Afrique et de ce qu'elle renferme de mystères. Ses forces vocales et ses capacités de séduire ont été autant d'atouts en sa faveur pour animer une des soirées dignes des concerts professionnels. Avant que le concert ne soit entamé, toutes les promesses versaient dans le sens de cette tendance. «Le show sera merveilleux et la confirmation a été faite à l'issue du concert que Mory Kanté a donné à Sidi Bel Abbès: la réussite était tellement totale que le chanteur ne se doute pas, cette fois ci, du public oranais», a lâché M.Juan son manager. Effectivement, le concert donné a été tel que voulu, à l'africaine. Les aveux se succèdent, le concert promet d'être mémorable. Les artistes qui accompagnent l'auteur de la célèbre chanson Yéké Yéké se frottent les mains. «Je connais parfaitement le public oranais qui suit de près toutes les nouveautés», a soudainement fait part Denis, batteur de l'orchestre de Kanté. Du coin des loges réservées aux artistes, Denis n'est pas méconnu de la scène algérienne. Il est aussi l'accompagnateur de Djamel Laroussi. Le show n'est pas passé inaperçu. En effet, le célèbre chanteur africain, de renommée mondiale, est finalement venu à Oran confirmer sa primauté sur la scène artistique africaine. La complicité était perceptible. Bien que tard dans la nuit, le public oranais a renoué avec sa musique, le raï. Mohamed Lamine, qui a renouvelé son attachement à ses fans, a clôturé la soirée au rythme vibrant de la classe juvénile.