Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, a estimé que le témoignage de M.Buchwalter «n'engage que lui». Contradictions ou signes d'apaisement? Après avoir poussé le bouchon plus loin, Paris corrige sa copie dans l'affaire des moines de Tibhirine. Alors que l'Elysée a enfoncé le clou, voilà que le Quai d'Orsay tente de rectifier le tir. Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, a tenté de lever l'ambiguïté concernant le témoignage de l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Alger, François Buchwalter qui a attribué la mort des moines en 1996 à «une bavure» de l'Armée algérienne. Le diplomate français cherche à mettre un terme à la confusion sur les déclarations de ce militaire et la position officielle de la République française. Plus clair et direct, M.Driencourt estime que les déclarations du général «n'engagent que lui», a-t-il dit aux confrères de la presse nationale. Il affirme, par la même occasion, que les fonctions de ce général ne peuvent pas l'amener à traiter cette affaire. «Les choses sont claires: les propos tenus devant un juge (et dont la publication constitue une violation du secret de l'instruction) par un officier à la retraite, dont les fonctions à l'époque des faits ne l'amenaient pas d'ailleurs à traiter cette affaire, n'engagent que lui», a-t-il souligné. Continuant à défendre la position de la France, M.Driencourt affirme que «la position du gouvernement français n'est pas celle de cet officier retraité». Il s'attache à la dernière déclaration faite par le président français en marge du Sommet du G8 qui s'est tenu la semaine passée en Italie. «Le président Sarkozy l'a redit à l'occasion du Sommet du G8, il s'en tient au communiqué du GIA. Pour le reste, que la procédure se poursuive dans la sérénité», a-t-il expliqué encore. S'agissant des réactions des anciens responsables français qui tentent d'apporter leurs témoignages sur le sujet en question, à travers des publications et des déclarations à la presse, M.Driencourt a répondu qu'il s'agit, tout simplement, d'un phénomène très répandu en France et en Occident de la part des gens qui «veulent s'offrir le droit d'écrire pour tuer le vide». Avant cette déclaration, la France a essayé de calmer les esprits. C'était le président français, lui-même, qui a fait marche arrière sur ses déclarations. Au lendemain du témoignage de M.Buchwalter, l'assassinat des moines a été considéré, par la France, comme une «affaire d'Etat». Nicolas Sarkozy a, ainsi, réclamé la levée du «secret-défense» sur cette affaire. «Je veux la vérité. Les relations entre les grands pays, elles s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge», a-t-il déclaré au lendemain du rebondissement de cette affaire. Et de poursuivre: «On ne peut pas dire que l'amitié entre les peuples et entre les pays peut résister aux mensonges. Il faut faire la lumière, il n'y a rien à cacher.» Lors de cette même période, la tension est montée entre Paris et Alger, les ministres français n'ont fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. La déclaration de la ministre française de la Justice, Michèle Alliot-Marie, promet de mettre «tous les moyens pour mener à bien leur enquête». Idem pour le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui a estimé, de son côté, que les autorités n'avaient «aucune raison de chercher à cacher la moindre chose» sur ce même sujet, si la justice demandait la levée du secret-défense. Alors qu'Alger n'a eu aucune réaction officielle sur le sujet, ne voilà-t-il pas que Paris tente de baisser la tension entre les deux capitales!