Le refus des juges français d'accorder le non-lieu au diplomate algérien Hasseni, a été interprété comme une énième provocation. Un pas en avant, dix pas en arrière. C'est ce qui caractérise les relations tumultueuses entre l'Algérie et la France. Et pourtant, des signes d'apaisement se sont profilés à l'horizon avec la première visite de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée le 21 février et les déclarations très diplomatiques de M.Mourad Medelci. Mais apparemment sur le terrain, entre les intentions révélées et les faits, le fossé ne cesse de s'élargir. Au coeur d'une énième polémique autour du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, une information a circulé dans la presse, relative à un nouveau déplacement en Algérie de M.Guéant. L'information n'est ni confirmée ni infirmée officiellement par la partie française. Mais officieusement, des sources diplomatiques des deux pays ont révélé que l'Elysée a sollicité officiellement il y a quelques jours l'organisation d'un second déplacement du numéro deux de la Présidence française à Alger. Rappelons que durant sa première visite, M.Guéant n'a pas été reçu par le Président Abdelaziz Bouteflika. Il s'est contenté d'une réunion avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Un déplacement qui, au vu de l'évolution de la situation, n'a pas apporté ses fruits. Le refus des juges français d'accorder le non-lieu au diplomate algérien Hasseni, en est la preuve. Certains observateurs l'ont même qualifié de «provocation». L'Algérie a convoqué mardi l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt et lui a fait part «de la grande surprise et de la profonde préoccupation d'Alger à la suite de cette décision». C'est dire que du côté officiel, cette mesure n'était pas du tout attendue. Si la visite de Guéant venait à être confirmée, des questions s'imposent alors: que vient faire ce diplomate en Algérie? Et quelles réponses donnera-t-il aux officiels algériens? Une autre question: le déplacement de Bernard Kouchner, connu pour ses positions hostiles à l'Algérie, est-il définitivement remis en cause? Quant au sommet entre le Président Bouteflika et Nicolas Sarkozy, reporté plusieurs fois, il semblerait qu'il n'est point à l'ordre du jour, du moins pour l'avenir proche. L'Algérie a toujours souhaité des pas concrets de la diplomatie française sur plusieurs questions. Il y a tout d'abord la restitution des archives: les deux pays ont signé un accord pour la restitution des archives, mais cet engagement n'est pas totalement respecté par la partie française. En outre, les négociations sur les effets des essais nucléaires français sur la population du Sud algérien, ainsi que celles sur les accords de 1968, souhaitées par la France, sur les questions de l'émigration patinent... Le gouvernement algérien n'apprécie pas aussi la critique française concernant sa dernière loi de finances donnant priorité aux «investisseurs nationaux». Les déclarations à chaud du président Sarkozy, avant de se raviser ensuite sur l'affaire des moines de Tibhirine, le flou total dans le traitement du dossier du diplomate algérien Hasseni, les nouvelles mesures pour renforcer la sécurité aérienne seraient la goutte qui a fait déborder le vase. La France a décidé de classer l'Algérie dans la liste des pays à risque, et de soumettre ses citoyens à des fouilles indignes au niveau des aéroports. Malgré le recul des Américains, la France persiste dans sa position. Les divergences ont pris une telle ampleur que le ministre des Affaires étrangères français, attendu à Alger en janvier, a reporté sa visite pour le mois de février, puis pour une date ultérieure.