«Il faut d'abord aimer l'Afrique. Tout simplement. Si on aime l'Afrique, on aimera son image...» Il est réalisateur-scénariste congolais, possède à son actif plusieurs films dont Watt (2000), Damier (Le) Papa-National Oyé! (1997) programmé dans le cadre du Panaf, Thomas Sankara (1997), ainsi qu'un documentaire intitulé afro@digital. Il a été cette année président du jury au Fespaco dans la catégorie court métrage. Il fait aussi partie des 10 réalisateurs ayant présenté un court métrage lundi pour donner cours à sa vision de l'Afrique L'Expression: Un mot sur le long métrage que vous venez de présenter: Le Damier Balufu Bakupa-Kanyinda: Le damier c'est un papa national, dictateur qui se morfond la nuit dans son palais et veut jouer aux jeux de dames. Il a l'habitude de battre ses collaborateurs parce qu'ils ont peur de lui, naturellement. Il demande à ce qu'on lui trouve le plus grand champion de toute la ville, même du pays. On lui ramène quelqu'un qui a peur, qui a faim et ils finissent par jouer. C'est une comédie formidable. Mon film a été fait en 1996. C'est un travail qui a été fait entre le Congo et le Cameroun et tourné à Libreville. Nous aimerions aussi, voir dans les salles le public algérois parce que les films qui sont programmés au Panaf sont des films rares et des films précieux. Noua avons ici le programme le plus complet de notre cinématographie africaine. Ce sont des films d'une grande beauté. Je salue Malek Ali Hahia qui a fait un travail remarquable. Ce programme, c'est une anthologie d'une qualité formidable. Un mot sur votre participation au Festival panafricain Je suis très heureux d'être à Alger. J'ai eu le privilège d'être associé à la préparation du programme cinéma, donc je suis venu à Alger pour cela. Je trouve que l'Algérie africaine nous donne beaucoup de joie et beaucoup d'espérance. Je suis fier d'être là Justement, un mot par rapport au colloque qui s'est tenu à l'hôtel El Aurassi les 10 et 11 juillet derniers. Alors qu'elles ont été les résolutions? Le colloque s'est terminé sur l'idée que nous allons faire un sommet du cinéma, c'est-à-dire dans le prolongement de ce que nous avions déjà fait il y a quelques années à Prétoria. Nous allons tenir un sommet du cinéma ici, en Algérie, pour rendre les choses faisables et concrètes. Nous essayons d'éviter les résolutions inopérantes. Je pense qu'Alger est porteuse d'espoir. Beaucoup de choses ont été dites mais on a l'impression que ce sont des «redites» en même temps... Ne pensez-vous pas que beaucoup de choses ont été redites? Vous savez, nous sommes un continent. L'Afrique c'est un continent mais sa singularité c'est que c'est aussi un pays. Nous sommes un continent, chaque fois que nous nous rencontrons, nous nous connaissons encore plus et l'Afrique devient plus forte. Des redites c'est faux car il y a des idées qui arrivent. Vous savez, moi j'entends des choses depuis 25 ans, mais il faut le redire jusqu'à ce que nous arrivions à des choses concrètes et matérialisables. Que faut-il faire d'après vous pour faire sortir le cinéma de sa crise? Il faut d'abord aimer l'Afrique. Tout simplement. Si on aime l'Afrique, on aimera son image. On parle d'unification de l'Afrique, d'une aide plus soutenue de l'UA. Mais ce concret viendra quand d'après-vous justement? Vous savez, les Etats-Unis d'Afrique vont arriver. Croyez-moi, c'est la marche nécessaire du monde. Chaque pays a sa particularité. Un jour on va arriver à avoir des gouvernants responsables qui comprendront la force de la culture., comme c'est le cas actuellement en Algérie. Vous avez une ministre de la Culture dynamique qui sait ce qu'est la force d'une culture. La première richesse d'un pays ce sont les êtres humains. Même la main qui fait le couscous, c'est une main qui transmet une culture. La culture est la base de tout. L'âme de nos peuples est dans sa culture. Si l'on croit que l'avenir d'une culture c'est l'économie, eh bien le premier chantier de l'Afrique c'est l'être humain. C'est lui que nous devons construire et enrichir. Il n'y a que la culture pour cela.