L'Expression: Un mot sur la partie chorégraphique du spectacle dont la tâche vous a été échue de préparer? Sofiane Abou Legraâ: Nous avons déjà fait une audition fin mai. Il y a eu environ 100 danseurs de toute l'Algérie qui sont venus. J'ai choisi en tout 17 danseurs qui sont venus de Sétif, Alger, Annaba et d'autres villes en Algérie comme Tizi Ouzou. Parmi eux, il y a 7 professionnels et 10 amateurs. Avec ma femme Nawel Legraâ, puisqu'elle m'assiste, on a ensemble formé pendant un mois les danseurs et bien sûr créé une chorégraphie autour de plusieurs tableaux qui ont été créés par M.Farid Aouamer qui est le metteur en scène et compositeur du spectacle. Cela a été une expérience passionnante parce qu'en l'espace d'un mois seulement, ces Algériens dont nous sommes très fiers ont fait le travail de danseurs européens qui auraient mis 6 mois à obtenir ce résultat. Nous sommes très contents car c'est un hommage à l'Afrique. Pour moi, le sang des Africains coule vraiment dans celui des Algériens. Je trouve que c'est très juste d'avoir eu cette opportunité de faire cette clôture qui est un vrai hommage à l'Afrique. Un vrai voyage des sens et de la danse, puisque je suis passé de la danse jazz américaine à la danse contemporaine qui est ma spécialité, à la danse africaine et à la danse hip hop. C'est vraiment un travail de groupe et de solistes sur des musiques qui sont des mélanges et des fusions de musique traditionnelles, algérienne ou africaine. Quand je parle de l'Algérie, je parle de Tindouf et des musiques électroniques modernes. Dans ce spectacle on parle du passé de l'Afrique, surtout du présent tout en étant tourné vers le futur. De quelle façon? Nous avons détourné la tradition en la modernisant. C'est un spectacle riche en émotion, en images et en musiques. On parle d'eau, des Algériens, des Marocains, des gens du Maghreb mais beaucoup de l'Afrique, riche en culture. On avait envie de montrer une Afrique moderne mais pas le stéréotype de l'Afrique. C'est même un contrepoids du spectacle d'ouverture qui était plus basée sur les danses folkloriques ethniques. On n'est plus dans ce registre-là. Je rappelle que les danseurs, musiciens et techniciens sont Algériens. Trois danseurs viennent de France mais sont d'origine africaine, c'était très important pour moi que cette clôture soit algérienne, avec des Algériens. Ce spectacle permet de dire qu'il existe en Algérie un vrai métier qui s'appelle la danse. Je ne me suis pas contenté de copier mais vraiment de chorégraphier. Peut-on savoir de quoi parlent les différents tableaux? De l'eau puisque c'est quelque chose qui manque en Afrique, de nous aussi qui sommes tous des gouttes dans un océan. C'est une symbolique très poétique d'ailleurs. On parle également du griot mais détourné à ma manière. On parle de transe qui est propre à toute l'Afrique. Pour une fois, c'est nous qui piquons en Europe de la musique, notamment de Stravinsky, du Sacre du printemps, qu'on a rendu plus africaine, hip hop, tribale. Je suis fier d'avoir créé en l'espace d'un mois une troupe capable de danser une danse de qualité! C'est un spectacle beaucoup plus intime que celui de l‘ouverture. Il durera 1h20 et dans lequel on pourra retrouver 45 minutes de danse.