La facture des importations pourrait dépasser largement les 40 milliards de dollars en 2009. La note sera salée. C'est même une évidence. Les chiffres qui ont été fournis ces derniers jours par le Centre national de l'informatique et des statistiques, le Cnis, sont sans appel. Les exportations en devises de l'économie nationale engendrées grâce essentiellement à la commercialisation des hydrocarbures ont brutalement chuté au cours du premier trimestre 2009. Elles se sont élevées à 20,7 milliards de dollars. Soit une baisse de pas moins de 46,47% par rapport à la même période de l'année 2008 tandis que dans le même temps les importations enregistraient une hausse de 4,04% pour titiller la barre des 20 milliards de dollars (19,70 milliards de dollars plus exactement). La balance commerciale qui, au premier trimestre de l'année 2008, avait bénéficié d'un excédent de 19,75 milliards de dollars grâce notamment à la flambée des prix du baril de pétrole, n'en totalise qu'un milliard pour les six premiers mois de l'année en cours. Les cours de l'or noir qui ont établi un record historique en atteignant les 147 dollars le 11 juillet 2008 et une moyenne de 110 dollars pour l'ensemble des douze mois de la même année, ont permis à l'économie nationale et grâce essentiellement à ses exportations en hydrocarbures d'engranger 78 milliards de dollars et de dégager un excédent commercial de près de 30 milliards de dollars, ce qui a eu pour effet de hisser les réserves en devises au niveau de 140 milliards de dollars. Tout semblait aller pour le mieux. La crise financière internationale qui s'est officiellement déclenchée aux Etats-Unis au mois d'octobre 2007 à travers celle des «subprimes» ne semblait pas particulièrement pouvoir affecter l'économie algérienne dont le système financier était déconnecté du système financier international. La sonnette d'alarme allait, malgré ce constat, être tirée une année plus tard, lorsque les prix du baril de pétrole ont commencé leur descente aux enfers pour se retrouver à 32,40 dollars au mois de décembre 2008. Les réactions officielles se sont voulues pourtant rassurantes. «L'Algérie est à l'abri de la crise financière internationale», ont déclaré tour à tour, le gouverneur de la Banque d'Algérie, le ministre des Finances et bien d'autres membres du gouvernement. Et l'on devait assez tôt, allégrement, déchanter puisque le marché pétrolier allait subir de plein fouet les dommages collatéraux provoqués par la crise financière internationale qui allait se muer en sévère récession économique mondiale. Une crise économique mondiale jamais observée depuis celle de 1929 selon les experts internationaux. La consommation mondiale de pétrole fond comme neige au soleil. Les géants de l'industrie automobile, de l'acier, du pneumatique...imposent de draconiens plans de restructurations à leurs salariés quand ils ne licencient pas à tour de bras. Les prix de l'or noir battent de l'aile et ne doivent leur fragile résurrection qu'à l'intervention énergique des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'Opep, qui ont réduit de manière spectaculaire leur production de 4,2 millions de barils par jour. Les cours de l'or noir ont depuis rebondi pour clôturer jeudi dernier à 67,16 dollars à New York portés par une hausse de Wall Street, un marché de l'immobilier qui reprend des couleurs aux Etats-Unis ainsi qu'une nette progression des prix de l'essence. L'espoir d'un retour à la croissance n'est toutefois pas garanti. Le marché pétrolier se montrant bien capricieux ces derniers temps. C'est dans une conjoncture aussi incertaine que maussade que furent égrenés en début d'année les chiffres des importations de l'économie nationale par le Centre national de l'informatique et des statistiques: 40 milliard de dollars en 2008 contre 27,63 milliards de dollars en 2007. Soit une augmentation de 41,71%. La facture des céréales a explosé en enregistrant 3,98 milliards de dollars contre 1,98 milliards de dollars en 2007 et ce n'est certainement pas l'année exceptionnelle annoncée par le ministre de l'Agriculture qui pourra la soulager un tant soit peu et encore moins celle annoncée par l'Office national interprofessionnel du lait qui prévoit une diminution de 400 millions de dollars pour 2009 en ce qui concerne l'importation de la poudre de lait. Les récents chiffres communiqués par le Cnis le font dangereusement redouter. Pour rappel, au mois d'avril 2007 lors d'une rencontre à Biskra avec ses militants, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), avait souligné que la dépendance totale de l'Algérie par rapport à ses exportations en hydrocarbures était un indicateur dangereux pour l'économie nationale. C'était une année avant que Ahmed Ouyahia ne soit nommé, en juin 2008, chef du gouvernement. Il en est toujours question, aujourd'hui plus que jamais.