Les combats ont repris dans la matinée dans cette zone où «des troupes ont été déployées mardi», selon le témoignage d'un habitant. Trente personnes ont été tuées hier dans de nouveaux combats entre forces de l'ordre et islamistes radicaux qui s'affrontaient pour le 4e jour dans le nord du Nigeria, où l'armée tente d'écraser les extrémistes «taliban». «Trente personnes ont jusqu'à présent été tuées à Hawan Malka», une localité située près de la ville de Potiskum dans l'Etat de Yobe, a affirmé un policier qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. «Tout le monde est à l'abri, les rues sont vides», a-t-il poursuivi. Les combats ont repris dans la matinée dans cette zone où «des troupes ont été déployées hier (mardi)», selon le témoignage d'un habitant. Les forces de l'ordre, selon un autre habitant, sont à la poursuite de membres de la secte «Taliban» qui se seraient cachés dans une forêt à 20 km de Potiskum. Mardi soir, un bilan officiel faisait état d'au moins 260 morts dans les affrontements ayant éclaté dimanche dans plusieurs Etats du nord entre membres d'une secte islamiste radicale se réclamant des taliban d'Afghanistan et les forces de l'ordre. Armée et police tentaient hier d'écraser la résistance des extrémistes islamistes dans leur fief de Maiduguri (capitale de l'Etat de Borno) où, selon des habitants, des tirs d'obus de mortier ont repris en fin de matinée. «Plus de 3000 personnes qui ont fui leur domicile dans le quartier de Bayan se sont réfugiées dans les casernes militaires de Maimalari. Ce sont essentiellement des chrétiens», a dit de son côté un policier de Maiduguri, également sous couvert de l'anonymat. Des combats meurtriers avaient fait rage lundi dans cette ville berceau des fondamentalistes où les forces de l'ordre ont lancé une vaste offensive. L'armée a tiré au mortier sur la maison du dirigeant de la secte, Mohamed Yusuf. «Nous ne savons pas s'il a été tué ou s'il a pu s'échapper», a indiqué un policier. Avant son départ mardi pour le Brésil, le président Umaru Yar'Adua avait affirmé que «d'ici à la fin de la journée, tout serait rentré dans l'ordre» à Maiduguri. La situation est globalement «sous contrôle» dans cette région, avait-il assuré. Les violences ont éclaté dimanche matin, quand des islamistes de la secte «Taliban», appelée en langue haoussa «boko haram» («l'éducation occidentale est un péché») ont tenté d'attaquer un poste de police dans l'Etat de Bauchi. Elles se sont propagées dans toute la région, touchant quatre Etats: Bauchi, Borno, Kano et Yobe. Le chef de l'Etat, originaire du nord du pays, a ordonné lundi soir aux services de sécurité de se mettre en «alerte totale» et des renforts ont été dépêchés dans les Etats touchés. La secte «Taliban» s'est fait connaître en 2004. Composée essentiellement d'étudiants en rupture d'université, elle comptait alors environ 200 membres. Sa dimension actuelle est inconnue. A l'instar de l'ancien régime taliban en Afghanistan, elle veut instaurer un Etat «islamique pur» dans le nord du Nigeria. Depuis cinq ans, elle a affronté à plusieurs reprises les forces de l'ordre, mais le bilan des violences depuis dimanche est le plus lourd qu'elle ait enregistré à ce jour. Le nord du Nigeria, pays d'au moins 140 millions d'habitants, est à dominante musulmane et le sud est majoritairement chrétien. Douze Etats septentrionaux ont instauré la charia (loi islamique) depuis 2000. Des dignitaires musulmans nigérians ont condamné hier les affrontements entre forces de l'ordre et combattants islamistes, les qualifiant de «regrettables» et estimant qu'ils étaient préjudiciable aux musulmans du pays.