Ilham Chahine par qui le scandale est arrivé l'an dernier, a débarqué en star mardi à Oran pour présenter le film Fawzia's Secret Recipe. Le cinéma arabe n'a de cesse de faire parler de lui dans les chaumières des festivals. Oran est en passe de devenir une des plaques tournantes du film arabe ces trois dernières années. Le public est présent, parfois anarchique surtout lorsqu'il aperçoit une vedette. Là, impossible de le faire asseoir ou de le raisonner. Tellement habitué à regarder les feuilletons égyptiens et récemment syriens qu'il se jette littéralement sur ces stars des petits écrans dès qu'il les reconnaisse. Ce fut le cas mardi après-midi avec le film égyptien Fawzia's Secret Recipe, avec comme héroïne la femme par qui le scandale est arrivé l'an dernier, Ilham Chahine qui avait osé révéler le contenu du palmarès en le divulguant à ses amis journalistes égyptiens. Ilham Chahine, femme aux rondeurs assumées, joue dans le film le rôle d'une brave femme qui n'a de cesse de se remarier et de s'occuper de ses nombreux enfants tout en gardant une bonne relation avec ses ex-maris. Elle ne se rend pas compte qu'en enfreignant toutes les règles de la pauvreté et de la tradition dans sa petite société, elle trace un chemin de résistance et de victoire pour la vie qu'elle a choisie. Elle aspire à un bonheur qu'elle arrache des griffes de la mort et de la dépression, dans une société qui vit un vide spirituel et ignore et rejette les marginaux. Film dense et coloré, Fawzia's Secret Recipe incarne par le truchement d'Ilham Chahine la femme courage qui n'abdique pas devant le malheur, même si parfois elle croit voir le fantôme de son ex-mari...Elle est debout à chaque fois et présente pour aider tout le monde. Une sorte de mère Thérésa à l'égyptienne, saupoudré d'humour «pharaonique» avec ces incontournables scènes de mariage qui vous donnent le tournis. L'arrivée d' Ilham Chahine dans la salle a créé la débâcle au sein de la salle Esaâda. Même les exhortations au calme n'ont pas suffi. Tout le monde voulait la prendre en photo ou s'immortaliser avec. Ceci dit, les choses sont vite rentrées dans l'ordre pour laisser place à la projection. Le premier long métrage diffusé en cette journée de mardi, toujours dans le cadre de la compétition, est un film tunisien comique et satirique qui tend à critiquer le système de contrôle dans l'univers du 7e art en Tunisie. Il est surtout un hommage du réalisateur Ibrahim Letaif au cinéma qu'il aime et avec lequel il a grandi. Désespéré par le refus de la commission d'aide au cinéma, Chahine se demande comment il va faire pour trouver l'argent nécessaire à la réalisation de la comédie policière qu'il a en tête. Il a alors l'idée folle d'aller le chercher là où il se trouve: dans le coffre d'une banque. Aidé de ses deux complices (son producteur et son chef opérateur), il scénarise et met en scène le cambriolage. La corruption, autre clé de ce film, intitulé Cinecitta, à travers l'image de l'avocat corrompu. Mais le film d'Ibrahim Letaif est avant tout un condensé de clins d'oeil et de références à plusieurs films, notamment de la comedia dell arté. De Fellini avec Dolce Vita au Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica, en passant par La vie est belle avec Roberto Bennini, Le parrain, et des figures comme celle de Colombo, Hercule Poirot, etc. le film ne manque pas d'humour. Le public algérien a bien réagi, preuve de sa totale immersion dans le film et sa compréhension des nuances. La censure à la Télévision algérienne est chose courante surtout au niveau des films de cinéma. Autre film égyptien programmé au cours de cette journée est Mecano, un film récent (2009), du réalisateur Mahmoud Kamel. Une histoire d'amour difficile entre un architecte malade et une fille déterminée à découvrir son secret et prête à ne pas le lâcher et l'aimer malgré tout. Un jeune architecte est atteint d'une maladie très rare: la perte de mémoire temporaire. Son frère aîné le soutient et s'en occupe. Il participe et gagne un concours d'ingénierie. Il y rencontre une directrice marketing du projet. Un sentiment fort né entre eux et s'ensuit une succession d'événements romantiques et... tragiques. Un film moderne assuré par un beau casting d'acteurs talentueux. Une bluette sentimentale à l'occidentale comme on en voit souvent ailleurs, les violons en moins...